Le Pali
Le pali, ou pāli, est une langue indo-européenne de la famille indo-aryenne parlée autrefois en Inde. Les premiers textes bouddhiques, tipitaka, sont conservés dans cette langue, qui est utilisée encore aujourd'hui comme langue liturgique dans le bouddhisme theravada.
Les « trois corbeilles » sont les trois sections du tipitaka :
- Vinaya Pitaka,
- Sutta Pitaka
- et Abhidhamma Pitaka.
Histoire
Les mots pāli et pāḷi ne se trouvent pas dans le canon bouddhique mais seulement dans les commentaires de Buddhaghosa, à partir du Ve siècle. L'existence de deux orthographes résulte probablement d'une confusion entre pāli, rangée ou ligne[1], et pāṭha, texte, récitation ou étude[1], le radical pāṭh- en étant venu à se prononcer comme pāḷ-[2]. Pāli et pāḷi ne désignaient pas alors une langue mais le Tipitaka par opposition aux commentaires palis[3]. La langue, elle, était dite mâgadhikâ[4], c'est-à-dire parlée dans le royaume du Magadha. Ce n'est qu'au dix-neuvième siècle que l'on commença à considérer le pali comme une langue.
C'est un prâkrit proche du sanskrit et remontant vraisemblablement au IIIe siècle av. J.-C. D'après la tradition, il était utilisé dans le Magadha à l'époque du Bouddha, dont il aurait été la langue. En fait, celle que parlait le Bouddha était probablement un autre prâkrit, l'ardhamāgadhī (« moyen māgadhī »).
On fait aussi dériver le pāḷi de la paiśācī (« la langue des démons »), prâkrit du nord-est indien encore parlé au Cachemire. Il s'avère cependant que le pāḷi est assez éloigné de l'ardhamāgadhī et qu'il est plus proche des dialectes occidentaux. C'est surtout une langue littéraire qui a emprunté à d'autres langues et s'est constituée de manière plus ou moins artificielle au cours du temps, à partir, sans doute, d'une ou plusieurs langues vernaculaires.
On a utilisé le pāḷi, et on l'utilise encore, comme langue cultuelle bouddhiste, au Śrī Laṅkā, au Myanmar, au Laos, en Thaïlande et au Cambodge. Son statut de langue liturgique l'a rendu, à l'instar du sanskrit, figé et normalisé. C'est donc un prâkrit moyen indien qui a accédé fortuitement au rang de langue littéraire et culturelle avant les autres, sans pour autant donner naissance à un idiome néo-indien.
Description
Écriture
Le pali fut d'abord écrit en brahmi, en particulier sur les piliers d'Aśoka (ou Ashoka) en Inde et dans les premières inscriptions gravées au Sri Lanka. La brahmi fut ensuite remplacée par les écritures cinghalaise, birmane, thai, cambodgienne ou laotienne, selon le pays. Au XIXe siècle les Occidentaux commencèrent à transcrire le pāli en lettres latines enrichies de signes diacritiques. Dans la deuxième moitié du XXe siècle des universités indiennes conseillèrent d'utiliser la devanāgarī, qui était déjà employée pour le sanscrit, le hindi, le népalais, etc.
Article détaillé : devanāgarī.
Dans la translitération en caractères latins, certains caractères sont accompagnés de signes diacritiques (par exemple, āīūḍḥḷṃñṇṛṣṭ). Anciennement, sur ordinateur, on utilisait des polices d'écriture spéciales associées à des encodages particuliers, comme celle développée par le Vipassana Research Institute (VRI) [5] ou la police Dhamma utilisée pour le site dhammadana.org[6]. On utilise aujourd'hui les caractères Unicode et il est possible de visualiser et de taper ces caractères sous, par exemple, Windows ou Linux (en utilisant SCIM/M17n[7]).
Phonologie
La phonologie du pāḷi est assez proche de celle du sanskrit. Les différences les plus notables sont :
1. l'abrègement des voyelles longues devant une consonne double, y compris /e/ et /o/ qui n'ont pas de contre-partie brève en sanskrit.
Note : En sanskrit, les voyelles /e/ et /o/ étant toujours longues, on n'indique pas leur quantité (par ex. bodhi) ; en pāḷi, au contraire, il est d'usage d'indiquer leur quantité quand celles-ci sont longues (bōdhi).
* sutta < sūtra (voir aussi 3.)
* atman < ātman sanskrit
* mĕtta < maitra (voir aussi 3.)
2. monophtongaison des diphtongues /ai/ et /au/ à /e/ et /o/ :
* Metteya < Maitreya (voir aussi 3)
3. de nombreuses assimilations dans les groupes de consonnes
* sutta < sūtra (voir aussi 1.)
* dhamma < dharma
* bodhisatta < bodhisattva
4. passage de /ś/ à /s/
* sāvaka < śrāvaka
5. amuïssement de /s/ en position appuyante et aspiration de la consonne suivante si possible
* theravāda < sthaviravāda (voir aussi 6.)
* thūpa < stūpa
* khandha < skandha
6. amuïssement fréquent de /v/ en position intervocalique, remplacement par /b/ devant consonne :
* theravāda < sthaviravāda (/e/ < /ai/ < /avi/, cf. 2)
* nibbāna < nirvāṇa (voir aussi 3.)
7. remplacement du /ṛ/ voyelle par une autre voyelle
* taṇhā < tṛṣṇā
* sati < smṛti
8. développement des semi-voyelles
* ariya < ārya (voir aussi 1)
9. palatalisation des consonnes dentales devant /y/
* jhāna < dhyāna
* sanskrit sacca < satya
10. rétroflexion des consonnes dentales
* viññāṇa < vijñāna
11. fermeture obligatoire des syllabes finales par une voyelle
* kamma < karman (voir aussi 3.)
Source:
Wikipedia
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