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Flânant sur le pavé ou à cheval dans la campagne, des figures ! Figures d'amitié, décisives, défiantes, suaves, idéales,
Figure de l'intuition spirituelle, aspect bienveillant et de bienvenue, Figure du chant de la musique,
Figures
imposante figure des hommes de loi et des juges aux pommettes rondes, Figure des chasseurs et pêcheurs aux sourcils saillants, Figure rasée et blafarde de l'honnête bourgeois, Figure de l'artiste, pure. insolite, pleine d'aspiration, de questionnements, Figures laides de quelques belles âmes ; beau visage détesté ou méprisé,Visages sacrés d'enfants, visage rayonnant de la mère de nombreux enfants, Figure d'un amour, figure d'une adoration, Figure de rêve, figure figée, visage de pierre.
Figure qui a renoncé au bien et au mal, figure émasculée, Faucon sauvage, les ailes coupées au couperet, Etalon cédant enfin au lacet et à la lame qui le castre, Flânant sur le pavé, ou croisant le sempiternel ferry, Figures, et figures, et figures. Je les vois, je ne m'en plains pas, toutes me contentent.
Croyez--vous que je serais heureux à la pensée que ces figures seraient celles de leur destin final ? Cette figure est ici trop lamentable pour être celle d'un homme, Un pou abject quémandant servilement la permission de vivre, Asticot blanc de lait trop heureux de pouvoir se tortiller jusqu'à son trou Figure de chien, la truffe reniflante, cherchant des ordures; Nid de vipères, cette gueule, j'entends ses menaces sibilantes.
Figure embrumée, plus froide que la mer arctique, Où croisent en gémissant des icebergs somnolant, titubants.
Figure d'herbes amères, émétiques pour vomir, pas besoin d'étiquette, Il y en a encore plus sur l'étagère : laudanum, caoutchouc, graisse de porc. Figure d'épileptique, à la langue embarrassée, aux cris inhumains, Les veines du cou distendues, roulant des yeux ne montrant plus que le blanc, Dents grinçantes, doigts recroquevillés, les ongles coupant la paume des mains, L'homme s'écroule, se débat, écume, alors qu'il pense toujours.
Figure mangée par la vermine et les vers, lame à moitié sortie du fourreau de quelqu'assassin.
Figure qui doit au sonneur et fossoyeur sa lamentable paye, taxe d'un glas sonnant sans répit.
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Mes pareils, mes semblables, croyez-vous me tromper au défilé de cette tortueuse danse macabre ? Eh bien, pas du tout !
Je vois le flot qui serpente sans arrêt, Je vois par dessous vos piteux et sauvages déguisements. Mais, forant confusément avec le flair des poissons et des rats, Grimaçants ou tordus, comme vous voulez, Je vous démasquerai, c'est certain.
J'ai vu la figure maculée et baveuse du plus idiot de l'asile, Et je savais, à ma grande consolation, ce qu'eux ne savaient pas, Je savais ce qui avait brisé et vidé mon frère:
La même attente que celle du ramassage des gravats, suite à l'écroulement d'un immeuble, Et après deux millénaires ou plus, je regarderai bien, Et voilà, je rencontrerai un bel homme honnête, indemne, en aussi bonne forme que moi dans les moindres recoins.
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Le Seigneur approche, oui, il s'avance, Toujours contre l'ombre à l'avant garde. Toujours tendant la main à l'arrière garde.
De ce visage surgissent bannières et chevaux
— Quelle gloire !
Je vois ce qui vient, Je vois les haute coiffes des pionniers, je vois les éclaireurs en ligne, frayant la voie, J'entends battre le tambour de la victoire. Cette figure, c'est la barque de sauvetage, Visage barbu de celui qui commande, il ne se demande las quelles sont les chances qui restent.
le visage est un fruit parfumé, prêt à être dégusté, celui d'un beau garçon en pleine santé, promesse du bien absolu.
—TDus ces visages témoignent qu'ils dorment, ou s’éveillent, Ou sont de la descendance du Maître -même.
Toutes les paroles que j'ai dites, je n'en retire pas une seule : rouges, blancs, noirs, tous seront
Déifiés, Dans chaque maison est l'ovum, l'oeuf qui recevra sa justification après des milliers d'années. Taches ou fêlures aux fenêtres ne me dérangent pas, L'homme parfait, sublime, se trouve derrière, il me fait signe, [...]
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Viens ! Le chemin est devant nous !
Il est sûr : je l'ai expérimenté, mes pieds l'ont éprouvé longuement, ne lambine plus !
Que les pages blanches restent sur le bureau, les livres fermés sur l'étagère.
Laisse les outils dans l'atelier ! Et l'argent non mérité !
Laisse l'école ! Ne fais pas attention aux cris du professeur !
Que le prêcheur prêche du haut de la chaire, que l'avocat plaide à la cour et que le juge énonce la loi. Camarade, je te donne la main, Je te donne mon amour, plus précieux que l'argent, en prêchant la loi, je me donne à toi.
Te donnes-tu à moi ? Marches-tu avec moi ? Resterons-nous l'un avec l'autre tant que nous vivrons ?
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Date de création : 23/10/2009 • 16:48
Dernière modification : 23/10/2009 • 16:54
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