Culture Bassaà
Les Bassas (parfois orthographié Basas ou Basaá) sont un peuple, groupe ethnique du Cameroun. Ils se sont établis dans la région située entre les villes de Douala et de Yaoundé, dans les départements du Nyong-et-Kéllé et de la Sanaga-Maritime. On trouve aussi les Bassas dans les départements de l'Océan, du Nkam et du Ntem.
Histoire
Selon la légende, les Bassas sont issus du Mbog liha'a, c'est-à-dire la grotte et, partant de là, ils se sont séparés. On distingue aujourd'hui les Babimbis, les Ñhō lôñg et les Bikok.
Les Bassas ont activement participé à l'indépendance du Cameroun, avec pour principal leader le très charismatique Ruben Um Nyobe appelé « Mpodol », le "tribun", ou « Papy Bassomb ».
La première église catholique fut construite à Mariemberg, petite localité proche d'Édéa, à 60 km de Douala.
CROYANCES ET RELIGIONS
I - PRÉSENTATION DE LA RELIGION TRADITIONNELLE MASSA
L’homme dans ses origines, reconnaît l’existence du Dieu suprême « Laouna ». Mais face aux difficultés de la vie, celui-ci se tourne vers des divinités pour les adorer ; lesquelles divinités pouvant le protéger en cas de problèmes. Ainsi, il fait des sacrifices pour vénérer ces dieux (difina, pora,…). Le Massa croît aussi à l’existence du diable (matna ) qui incarne le mal.
II - LES RELIGIONS REVELEES
Parlant des religions révélées, il y a deux groupes : le Christianisme (Catholicisme et Protestantisme) et l’Islam. Ces religions monothéistes reconnaissent l’existence d’un seul et unique Dieu : le Allah ou Jehova, créateur de toutes choses avec qui l’homme peut communiquer directement.
L’arrivée de ces religions étrangères au peuple Massa avait eu des impacts sur la culture Massa, en laissant leurs valeurs culturelles. Pourtant, il y a beaucoup de compatibilité entre ces religions révélées et la religion traditionnelle Massa.
III - COMPATIBILITÉ ET INCOMPATIBILITÉ ENTRE RELIGION TRADITIONNELLE MASSA ET RELIGIONS REVELEES
L’arrivée des religions révélées était teintée de la culture des missionnaires lesquels avaient ajouté aux messages révélés leur propre conception culturelle. Toutefois, le message apporté avait pour but de montrer à l’homme l’existence d’un seul et unique Dieu qui doit être adoré et non l’annulation complète des valeurs culturelles Massa. Certaines valeurs culturelles dans la religion traditionnelle Massa pouvaient être sauvegardées à l’exemple des instruments de musique, la danse traditionnelle (rythme), la science traditionnelle (les plantes médicinales), etc. Ajoutons également la cure du lait, l’attribution des noms traditionnels.
Néanmoins, il y a des incompatibilités telles que l’adoration des divinités et des idoles, les sacrifices offerts aux idoles, l’esprit de violence,…
En conclusion, les religions révélées parlent de la nouvelle naissance bien sûr, mais l’interprétation par les initiateurs a joué sur ce concept. Cette mauvaise interprétation a modifié et a déraciné l’homme Massa de sa culture, abolissant ses traditions au profit de la culture occidentale.
IV - LES ÉLÉMENTS DE BASE DE LA RELIGION TRADITIONNELLE CHEZ LES MASSA
Depuis l’origine, l’homme Massa savait par le graîna (art divinatoire) qu’il existe un Dieu suprême (law ngolla). C’est un Dieu puissant.
1 - Dieu et dieux chez les Massa
Le Dieu chez le Massa est l’être suprême qui a fait toutes choses, donc il faut croire en lui à travers des sacrifices à d’autres dieux intermédiaires (divinités). Cependant, il faut pratiquer le graîna pour savoir à quelles divinités il faut faire le sacrifice.
2 - Le graîna (l'art divinatoire)
On pratique le graîna quand il y a un malheur dans le village (cas de deuil ou de maladies épidémiques) ou encore pour prédire un événement. Le graîna est une révélation. Il peut également être héréditaire ou appris simplement. Les matériels et les matières culturels sont variés. Ce sont entre autres, les morceaux de canaris (déhélinga), les tiges de paille (ousna), des traits par terre (graî tchekedekna), l’œuf, etc.
3 - Les officiants
Ils sont désignés par le graîna pour faire les sacrifices : généralement le père de famille, la première femme ou le fils aîné selon les indications de graîna. C’est donc le sacrifice de la maison. Par contre, le sacrifice du village est fait par le chef du clan ou du terroir boum nagata.
4 - Les divinités
Ils sont nombreux chez le Massa : bagaouna, mbara’a, mounounda, fata, ganaganna, mihleka… Les sacrifices offerts à ces divinités sont indiqués par le graîna. Mounounda est considéré comme la femme du Dieu suprême.
a) Bagaouna : C’est un dieu de maladies, un dieu de brousse qui est un esprit méchant.
b) Zigallada : C’est le dieu du soleil.
c) Mihleka : C’est le dieu des étoiles. Quand un Massa aperçoit une étoile en plein jour, c’est un mauvais signe et il faut faire des sacrifices.
5 - Les génies
Ils sont aussi des divinités mais secondaires. Chez le Massa, le matna est le chef de ces divinités. Il est méchant et tue. C’est dans ce souci que l’homme Massa cherche à se protéger en faisant des sacrifices de purification.
6- Les Mannes des ancêtres
Après la mort, le Massa croît à une disparition mais le mort peut revenir en esprit (kiwéna). Et il faut faire des sacrifices pour vivre en paix avec la famille (une vache pour le sacrifice en l’honneur de l’homme et un taureau pour la femme). Les dettes sur le ou la défunt(e) doivent impérativement être remboursées, sinon le ou la défunt(e) ne sera pas accepté(e) parmi les morts (esprits de mort). En cas d’une accusation, le Massa peut jurer avec le nom des défunts parents ou du bagaouna voire nagata (yi vakalamou).
Pour donner une valeur à toutes ces croyances, il faut respecter les règles traditionnelles. Ces croyances sont bonnes pour ceux qui veulent les pratiquer dans le respect. Par conséquent, les inconvénients peuvent surgir quand il s’agit des maladies incurables par la médecine moderne.
V - RESOLUTIONS : DERACINEMENT SUR LE PLAN RELIGIEUX COMME CAUSE DE FLEAUX DANS LA SOCIETE MASSA
Nous constatons que certains Massa islamisés ont honte de reconnaître leur origine. Les noms qu’ils donnent à leurs enfants ne sont pas authentiques. Leurs enfants grandissent par conséquent dans un déracinement total (langue, culture). Nous avons également constaté la mésentente entre les Massa de différentes religions.
Constatant donc tout ce qui suit, nous proposons :
1- Que le Massa revienne à la source : quelle que soit l'appartenance religieuse, les noms massa doivent primer sur les noms religieux ;
2- Que les Massa apprennent à lire et à écrire leur langue en créant des centres d’alphabétisation ;
3- Que les divisions inter-religieuses cèdent la place à l’unité d’antan du peuple Massa pour le développement de la société.
4- De ce fait, il faut combattre l’intégrisme religieux sous toutes ses formes.
La langue basaá
La langue basaá (ou bassa) appartient au groupe des langues bantoues (Guthrie A.43b)[1]. Elle est parlée par environ 800 000 personnes (5% de la population camerounaise)[2], autour de la ville d'Édéa, entre Douala et Yaoundé et aussi, minoritairement, dans ces deux capitales, économique et politique.
Elle connaît des caractéristiques phonétiques et grammaticales communes à beaucoup de langues bantoues, comme les classes nominales, le b implosif et un système à tons : ton haut, ton bas, ton bas-haut, ton haut-bas, ton moyen[3],[4]. La langue est transcrite au moyen d'un alphabet latin adapté, comprenant les consonnes, voyelles et accents spécifiques aux langues bantoues[5].
Expressions courantes
* Sango = monsieur
* Nyango = madame
* Ngonda = mademoiselle
* Iloga = jeune homme
* Me nyéga = merci (on utilise couramment cette expression pour dire aussi bonjour à n'importe quel moment de la journée)
* kel lam = bonjour
* kokoa lam= bonsoir
* nan ii lam= bonne nuit
* I nkè laa? = comment vas-tu?
* Me nke longe = je vais bien
* Nyambe = Dieu
* Mè ngwès wê = je t'aime
Manifestations culturelles
Du 26 au 28 Décembre 2008, le festival Massa s'est tenu à Yagoua dans l’Extrême-Nord.
Le Cameroun hôte cette année
Pendant 3 jours les peuples Massa du Tchad et du Cameroun vont se sont retrouvés pour célébrer leur unité culturelle. C'est la troisième édition après celles de Yagoua en 2003 et de Bongor au Tchad en 2005. En fait, le festival se déroule tous les deux ans. Le lieu du festival alterne entre le Cameroun et le Tchad. Cette année, le festival se déroule au Cameroun et dans deux ans, ce sera au Tchad nous confie le Révérend Jean Ngabana, proche du comité d’organisation. Pour sa troisième édition, le festival des arts et de la culture Massa appelé TOKNA MASSANA sera placé sous le thème: "La pérennisation de la langue, la lutte contre la pauvreté et l’alcoolisme". Un thème qui se situe en droite ligne des objectifs du festival à savoir: trouver des solutions idoines pour la pérennisation de la langue et le développement économique.
Le Tchad et le Cameroun concernés
Ce festival culturel a la particularité de cibler une communauté dont l’horizon géographique touche deux pays. En effet, le peuple Massa vit aux abords du lac Tchad, de part et d’autre du fleuve Logone sur le territoire des Républiques du Cameroun et du Tchad. D’après des références historiques, les Massa seraient apparentés à quelques groupes ethniques de la famille des langues dites tchadiques à l’instar des Musgum et Kotoko avec lesquels ils présentent beaucoup de traits de ressemblances sur le plan morphologique et anthropologique.
Au moment où l’unité de la communauté Massa n’est plus véritablement un acquis, ce festival semble devenir un puissant levier pour impulser un nouvel élan unitaire. L’on se rappelle en effet qu’en Septembre 2007, un violent conflit avait opposé les populations Bagarra et Dina, deux ethnies Massa vivant dans le département du Mayo Danay, province de l'Extrême-Nord. 5 personnes avaient perdu la vie lors de cet affrontement. Le Tokna Massana est un véritable défi pour le peuple Massa. (Source).
* Les activités du festival
Spécialités culinaires
Les plats camerounais très connus, originaires du pays bassa, sont :
* Le bongo tjobi
* Le mintumba, ou pain de manioc, est fait à partir du roui de manioc malaxé et mélangé avec de l'huile de palme, du sel, et du piment, le tout roulé et ficelé dans une feuille de bananier.
*
Le savoir nutritionnel
Bibliographie
Langue bassa
* Meinrad Pierre Hegba, Bellnoun Momha,
Dictionnaire bassa-français, L'Harmattan, 2008, Google Livres
* Meinrad Pierre Hegba, Bellnoun Momha,
Dictionnaire français-bassa, L'Harmattan, 2008, Google Livres