SYMBOLE INCOMPLÉTUDE
Éprouver le symbole de notre incomplétude, de notre manque d’unité et de perfection :
Ici la religion et l’alchimie se rejoignent. Les religions monothéistes, qui de nos jours sont celles d’une grande partie du monde, ont pour principe que c'est à partir de lui-même que le Dieu Unique et Eternel a créé le ciel, la terre, l'homme et toutes les autres créatures. Dans le récit biblique de la création (La Genèse) il est question des eaux primordiales sur lesquelles « se mouvait l'Esprit de Dieu » ; puis, après la création de la lumière et sa « séparation d'avec les ténèbres », apparut le monde partagé entre ciel et terre. Ensuite fut créé « l'homme à l'image de Dieu », homme et femme en un seul être. Ce récit de la création représente une idée essentielle extrêmement importante qui n'est saisissable que de façon abstraite.
Si Dieu, l'Unique, se manifeste parce qu'Il se pense Lui-même, qu'Il se fait une image de Lui-même, il s'ensuit que de l'Un apparaît immédiatement le deux : Dieu caché et sa manifestation divine, le créateur et le créé, l'actif et le passif. Tels sont en alchimie les principes symboliques du feu (l'Esprit) et de l'eau (la matière). Ces deux éléments, puisqu'ils proviennent de Dieu, ne sont pas distincts de Dieu. Ainsi celui-ci acquiert-Il en lui les principes contraires : masculin et féminin, créateur et récepteur, le feu et l'eau.
Ce n'est que dans la deuxième création (le deuxième chapitre de la Genèse) qu'a lieu la séparation entre l'homme et la femme, la création de la femme à partir de l'homme. Cette séparation entraîna leur chute, ils furent chassés du paradis. Pour les gnostiques ce fut la chute de l'homme dans les ténèbres. Le serpent avait poussé Eve à manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et notre esprit est habitué, depuis des siècles, à considérer cela comme une conduite moralement fautive. Cependant nous pourrions, au contraire, l'éprouver comme le symbole de notre incomplétude, de notre manque d'unité et de perfection dont nous avions un profond désir. On peut aussi l'interpréter en dehors de toutes considérations morales. Les humains, en tant que double image de Dieu, doivent passer par une nouvelle phase évolutive. Etant passé de l'unité à la dualité, ils peuvent obtenir la compréhension et ainsi, de façon consciente et délibérée, retourner à l'unité. Telle est l'image de l'alchimie.
Beaucoup de représentations et récits ont pour sujet l'homme et la femme, et les diverses phases de leur réunion. L'alchimie y fait allusion sous forme du feu et de l'eau, du soufre et du mercure, du soleil et de la lune
Pent. 2008 n° 6 – 28 à 32