Awhad al-dîn Balyânî
Epître de l'unicité absolue
(extraits)
"tu t'es formé l'idée que tu étais toi
or tu n'es point toi et ne le fus jamais !
Car si tu étais toi, tu serais un Seigneur
et le second de deux. Abandonne cette idée !
Entre Son Etre et ton être, il n'y a nulle différence.
Il n'est pas distinct de toi, ni toi de Lui.
Si, par ignorance, tu déclares que tu es autre que Lui ton endurcissement
est manifeste. Mais si ton ignorance cesse, alors tu t'affines.
Car ton union est séparation, ta séparation, union
et ton éloignement, proximité : par cela tu atteindras la perfection.
Renonce à l'intellect et comprends par la lumière du dévoilement,
afin que ne t'échappe point ce que tu tiens de Lui.
N'associe à Allah aucune chose,
afin de n'être point avili, car l'idolâtrie avilit. »
«Sache, en résumé, que Celui qui voit et ce qui est vu, Celui qui trouve et ce qui est trouvé, Celui qui sait et ce qui est su, Celui qui existencie et ce qui est existencié, Celui qui perçoit et ce qui est perçu ne sont qu'Un. Il voit, connaît, perçoit Son Etre par Son Etre, au-delà de toute modalité et de toute forme de vision, de connaissance ou de perception. De même que Son Etre transcende tout «comment», de même aussi la vision, la connaissance ou la perception qu'Il a de Lui-même sont sans «comment. »
« J'ai connu le Seigneur par le Seigneur
sans hésitation ni doute.
Mon essence est réellement Son essence
sans imperfection, ni défaut
Il n'y a pas, entre nous, de devenir
et mon âme est le lieu où le Caché apparaît.
Depuis que je Le connais, mon âme est exempte de tout mélange
et de toute corruption.
Je suis parvenu à m'unir à mon Bien-aimé,
il n'y a plus ni éloignement, ni proximité.
J'ai obtenu du Munificent un don
qui n'a ni contrepartie, ni cause sans que mon âme s'éteigne en Lui.»