Tous les chemins ne mènent pas à Rome...
L'occultation volontaire de cette histoire parallèle, celle du gnosticisme, par les religions officielles occidentales, a conduit l'homme contemporain à une vision finalement très superficielle de la spiritualité.

Elle est prise en charge par des autorités patentées ; elle est tellement rassurante à force de postulats, avec ses codes appris par cœur et ses dogmes parfois inculqués de force ou opérant de façon inconsciente... Mais ce qui est bien plus inquiétant et dont les conséquences commencent à se faire gravement ressentir dans nos sociétés, c'est que cette dissimulation de tout un pan de la pensée ou encore sa récupération simpliste à des fins matérielles a fréquemment abouti chez l'homme " moderne " à une disparition du sentiment religieux et avec lui du respect d'autrui ou à un déséquilibre dans sa perception : très intellectualisée elle sombre dans la mortification et l'occultisme malsains ou, cédant à une émotivité exacerbée, elle débouche sur une mystique superficielle et un ésotérisme de pacotille. Ainsi voit-on des scientifiques reconnus accepter l'irrationnel le plus déconcertant quand ils présentent leur quête spirituelle...
Nous pourrions dire qu'Augustin, destructeur de la fraternité gnostique des manichéens, a " péché " par orgueil ou excès d'intellectualisme, cette doctrine philosophique " qui ramène tous les faits psychiques à des éléments intellectuels, et méconnaît ainsi l'originalité de la tendance et de l'affectivité ".
Sa vision étroite du manichéisme l'a finalement conduit à une notion simplement psychologique du dualisme alors que pour les manichéens il divisait le système entier de l'être en deux statures : matérielle et spirituelle. Ainsi, pour conférer à la théologie catholique une profondeur métaphysique, Augustin a accentué la responsabilité du choix de chacun entre bien et mal fondés sur les codes d'une moralité dont son église était la seule garante. Jamais il n'a envisagé la possibilité d'une " surnature " par delà le bien et le mal, de ce Domaine Originel que recherchaient les manichéens. Cette divergence fut " pratique " au propre comme au figuré car elle lui permit d'instituer plus solidement les prérogatives revendiquées du catholicisme en quête de sa propre identité. Pour Jacques Lacarrière, " Les Chrétiens, avec leur mythologie compensatrice et castratrice, ont totalement éludé les problèmes quotidiens de leur temps et aidé à perpétuer jusqu'à notre époque l'acceptation de toutes les injustices sociales et la soumission aux pouvoirs établis (et pour cause, puisque ce pouvoir, c'était le leur). "
En effet, avec le dogme du péché originel qu'il institue, Augustin fait basculer les consciences dans les ténèbres de la peur et de la superstition pour mieux s'assurer une toute puissante hégémonie par le nombre des fidèles tant convoités ; le nombre déjà faisait force et avait valeur de vérité.
Or, face à cette volonté d'embrigadement des consciences, semble s'être toujours posée l'alternative du gnosticisme le plus largement répandu depuis l'antiquité : celui qui rappelle à l'homme sa noblesse vers laquelle s'efforceront de tendre par des ascèses respectueuses de chacun, manichéens, bogomiles, cathares et rose-croix. Le but de ces gnostiques n'était pas de détruire quoi que ce soit mais bien au contraire de construire, de retrouver l'âme divine enfouie en nous, qui ne nous appartient pas, et dont nous ne sommes que les véhicules. N'envisageant aucune déification de l'ego mais plutôt la suppression de ses " branches basses ", cette édification intérieure ne s'imposait pas à la masse et supposait toujours un enseignement : processus très structuré d'accomplissement sur lequel insistent les fondateurs du mouvement spirituel de la Rose-Croix d'Or car " Pour concevoir l'homme céleste, un changement fondamental est d'abord nécessaire, le reniement de principe de l'ancien moi, l'adieu à n'importe quelle ancienne magie qui mettait cet ancien moi au premier plan. Il est clair également qu'il ne s'agit pas de négliger la personnalité terrestre, ni la vie terrestre indispensable. Nous avons toutefois à ordonner les différents accents de notre vie de telle manière qu'il en résulte un comportement qui facilite la vraie renaissance.
Liés que nous sommes à une apparence biologique, nous payons l'amer tribut de nous trouver tels dans le monde, mais, par un comportement rationnel, nous contribuons à la construction de " ce qui n'est pas de ce monde ".
Ce processus de construction débute pour le Nouveau Testament dans la grotte du cœur avec la naissance de Jésus et s'achève sur le lieu du crâne à Golgotha. Mais la possibilité de cet achèvement de l'être humain que la Rose-Croix d'Or actuelle nomme " transfiguration " figurerait dans tous les textes sacrés des grandes religions et cette relecture fera l'objet de prochains articles. Ces notions pourraient seules expliquer les différences de comportement entre des individus, si fanatiques soient-ils, capables pourtant d'abjurer une foi de "convenance " ou des certitudes et vérités d'ordre uniquement intellectuel et des spirituels montés sur le bûcher pour ne l'avoir pas pu du fait de leur impossibilité à renier la totalité de l'être qu'ils étaient devenus... Le scientifique Galilée pourra désavouer ses découvertes et se rétractera devant les foudres de l'inquisition alors que ce sera impossible pour Giordano Bruno.
Cependant, ce serait faire preuve de " manichéisme " dans son acception étroite et moderne que de jeter la pierre à Augustin, " grand maître " d'une religion " naturelle ". Cela reviendrait à se poser en juge et censeur d'une organisation statique et dialectique qui perdure à notre époque. L'enseignement gnostique vise à déconditionner l'humanité encore inaccomplie de son sectarisme naturel dû à une vision parcellaire du monde en la reliant à la Connaissance universelle divine grâce à la Gnose : elle seule peut l'amener à un véritable état d'achèvement. Aussi, n'est-il pas possible d'opposer cet enseignement intérieur différemment perçu selon la maturité spirituelle de chacun à la volonté de pensée unique du catholicisme. Il est d'ailleurs lui-même devenu ce qu'il condamne et s'efforce de dénoncer partout chez les autres : un mouvement tout à fait occulte dirigé par des gourous qui s'appuient sur des affirmations arbitraires n'admettant que difficilement la réflexion et la logique, étayées par des rituels aux origines historiques dissimulées pour avoir souvent été empruntés aux gnostiques, mais qui, machinalement répétés, sont détournés de leur signification initiale incomprise.
Mais, Jan van Rijckenborgh qui revendique un christianisme intelligent en cœur et en raison déclare, lucide : " nous avons tous inhalé l'esprit de la trahison dans les éthers planétaires." Vivant dans le monde de l'illusion, nous consommons, nous aussi, notre part de mensonge. " Que personne ne se croie, sous ce rapport, absolument indemne ! Par les mélanges continuels de sang, nous sommes tous, nous et nos semblables, liés les uns aux autres, de sorte que la foule de ceux qui se servent de la magie de l'église pour corrompre le sang, exercent aussi sur notre vie une influence concrète ".
Avec le dogme du péché originel ou les conceptions sanguinolentes d'une passion projetée à l'extérieur et encore renforcée par une eschatologie vindicative dont s'emparera le romantisme, toute notre culture hâtivement qualifiée de judéo-chrétienne est imprégnée d'une imagerie religieuse morbide et culpabilisante.
Ces idées préconçues ne constituent pas une Connaissance de première main mais sont autant d'obstacles épistémologiques pour des consciences appauvries par des " savoirs " acquis sur la base de théologies arbitraires multiples à l'origine des guerres de religions.
Les gnostiques affirment que nous sommes si conditionnés par cette culture religieuse aliénante qu'elle est devenue héréditaire : nourrissant des pensées et réflexions automatiques qui tournent en rond dans un monde clos dont elles entretiennent le jeu des forces contraires. Notre peur de remettre en cause nos certitudes et notre naturelle impossibilité à démasquer notre univers de faux-semblants nous empêchent de retrouver notre origine divine.
Enferrés dans des images qui nous détournent de notre vraie vocation, nous maintenons nous-mêmes les portes fermées à la Sagesse.
Seule la Gnose, parce qu'elle n'est pas de ce monde, peut nous arracher à l'illusion organisée. En accepter l'enseignement remplace le savoir par la Connaissance. Une nouvelle compréhension des textes sacrés apparaît alors et bouleverse nos vieilles conceptions. A propos du prétendu péché originel, Augustin " développe notamment " cette théorie qui était "totalement absente pourtant de l'enseignement de Jésus le Nazaréen et à peine en germe dans celui de Paul et de Cerdon. Paul avait d'ailleurs fait erreur quand il avait écrit, dans son épître aux Romains, que " par un seul homme le péché est entré dans le monde " (V.,12) : car, si on lit bien la Genèse, on s'aperçoit que le tout premier péché a été commis en réalité, non par l'homme, mais par le serpent, lequel a proféré le premier mensonge destiné à tromper son interlocuteur lorsqu'il certifia à la femme d'Adam : " Vous ne mourrez point... " (Gen., III, 4). La désobéissance de la femme, puis de l'homme, ne fut que la conséquence de ce mensonge, qui fut donc en réalité, selon la Bible, le tout premier péché à avoir jamais été commis.
Cette affirmation de Paul, amplifiée par Augustin, n'en est pas moins devenue un dogme essentiel de l'Eglise catholique romaine. Jusqu'à Augustin, ce dont le Jésus gnostique était venu sauver l'humanité, c'était le mal qui entache essentiellement la matière créée par un mauvais Démiurge et dont l'âme humaine doit se libérer. Pour Augustin, il ne lui serait possible de le faire que si Dieu lui accorde la grâce nécessaire. On sait combien ces questions ont agité la chrétienté (...). "
Mais si André Wautier a ainsi pu ironiser, les réflexions des gnostiques des premiers siècles de notre ère nous déstabilisent bien plus, remettant profondément en question notre vision du monde. Jacques Lacarrière s'insurge quant à lui car le " vice natif, où les Hébreux et les Chrétiens voyaient l'empreinte du Péché originel et donc la responsabilité de l'homme seul, apparaît au contraire aux gnostiques comme un statut imposé à l'homme. Ce dernier n'est absolument pour rien dans la malédiction qui le frappe : le vrai responsable, c'est ce démiurge sadico-pervers qui a osé imaginer, jusque dans ses moindres détails, un monde aussi cruel. "
Aussi, nombreux étaient les gnostiques qui, reprenant l'antique compréhension du symbole du serpent et la replaçant logiquement dans la culture de leur époque, celle de la Bible, le considéraient toujours comme l'image de la Sagesse alors venue enseigner aux hommes où trouver la source de la Connaissance interdite par le Démiurge.
Ainsi, selon les gnostiques de tous temps, l'acquisition du véritable discernement lève le voile des simulacres : nos découvertes et notre émerveillement quant à ce que nous sommes et au monde qui nous entoure sont à la mesure de l'abandon de nos certitudes et offre la clé pouvant ouvrir la porte de la renaissance de Dieu en l'Homme. C'est ainsi qu'on peut comprendre cette affirmation de l'Illuminé espagnol Saint-Jean de la Croix cité par Jan van Rijckenborgh : " Et, si vous voulez écouter : la plus haute sagesse est l'essence même de Dieu. C'est un témoignage de sa grâce que d'être délivré de toutes les idées, et de toute connaissance se rapportant à la nature " pour enfin connaître la surnature.
Nous vivons les temps formidables d'émergence de nouveaux mouvements religieux. Innombrables sont les insatisfaits de la société moderne matérialiste. Ils se retrouvent les mains vides avec la fin des idéologies mais restent souvent taraudés par la recherche d'une justice absolue et par les trois éternelles questions du sphinx : " Qui suis-je ? D'où est-ce que je viens ? Où est-ce que je vais ? ". Pour répondre à leurs attentes apparaissent des associations trop rapidement mises à l'index dans une société qui ne peut survivre que par une normalisation amplement relayée par des médias sans conscience devenus colporteurs des rumeurs les plus saugrenues : sans vérifications exhaustives de leurs sources, ils rejettent sans distinction les groupes minoritaires dans une marginalité qui les réduit au silence forcé et brise pêle-mêle individus, carrières ou familles. S'il est des dérives dangereuses à sanctionner fermement la circonspection doit cependant être de rigueur. Or depuis quelques temps on "jette le bébé avec l'eau du bain " sans se soucier des origines anti-démocratiques qui sous tendent ces actions en s'appuyant sur les principes républicains et l'état de droit pour mieux en abuser et les saper. De plus, de nombreux groupes " minoritaires " ne le sont pas autant que certains le prétendent. En outre, tant qu'ils se tiennent dans le respect absolu des droits de l'homme et des lois de l'Etat, les responsables et membres des nouveaux mouvements religieux témoignent, quoi qu'on en dise, d'une quête de la Vérité qui semble bien aussi voltairienne, respectable et généralement plus riche qu'une " spiritualité par procuration " construite sur des dogmes séculaires ayant pris valeur d'atavismes et de certitudes personnelles.
En fait, il semble désormais manquer à notre société une agora spirituelle où ne serait plus appelé " secte " tout ce qui ne pense pas de façon orthodoxe. Rappelons d'ailleurs que ce qualificatif est seulement assez récemment devenu péjoratif.
N'oublions pas que dans l'antiquité qui nous a donné nos plus belles notions d'humanisme, ce terme désignait aussi bien l'école épicurienne que platonicienne ou aristotélicienne restant malgré les siècles les principaux fleurons de la philosophie. Quant à qualifier de " sectes de l'antiquité " comme le fait le magazine Notre Histoire de décembre 1996 (n°119), les cultes à Mystères qui rayonnèrent durant des siècles sur l'Orient et l'Occident en nous laissant les plus beaux temples de l'histoire ou en amalgamant sous cette expression la religion de Mithra qui s'étendit dans tout l'Empire romain jusqu'au 4ème siècle de notre ère " chrétienne " et dont on retrouve des mithraeums dans toute l'Europe, c'est bien là faire preuve d'un certain manque de modération... Aussi, au lieu de renouer avec l'inquisition systématique et insidieuse en recherche d'une légitimité par le biais de pouvoirs politiques qui seraient enclins à l'accréditer, il n'est jamais trop tard pour s'efforcer de devenir humains et tendre l'oreille vers des différences respectueuses des autres.
Jacques Lacarrière s'étonne car " les questions posées par les gnostiques restent toujours posées et " il ne voit " pas que ceux qui les ont étudiées aient jamais pensé qu'elles s'adressaient aussi à eux. " Il semble que la source gnostique soit encore la possible alternative au manque religieux actuel privant les individus d'idéaux valorisateurs de la dignité humaine. Source protée, elle a pris de multiples formes pour réapparaître à notre époque sous celle d'un groupe très structuré qui ne se dérobe à aucune des exigences de la société et dont nous venons d'aborder quelques thèmes.
Dans son article Le dualisme absolu de Mani, François Favre écrit :
" Il est beaucoup question aujourd'hui du retour du religieux à l'intérieur de notre société dite laïque, comme le montre le débat concernant le statut de l'école privée, la question du voile islamique ou celle des sectes. Ce retour, semble-t-il , fait peur parce qu'il est perçu comme un retour en arrière, un retour à l'homo religiosus par opposition à l'homo sapiens ou homo scientificus, dit raisonnable ou profane selon l'expression de Mircéa Eliade, de nos sociétés modernes et post-modernes. Mais il est possible de se demander, à la suite de Heidegger, si nous pensons vraiment, si nous sommes aujourd'hui, dans l'état actuel des faits, des êtres " rationnels ", et s'il ne manque pas un chaînon entre l'homme et l'Homme.
Ce mouvement de crainte et de recul ne devrait pas nous étonner car il est caractéristique du misonéisme, c'est-à-dire de la résistance au changement, phénomène naturel chez l'être humain, mais fortement accentué dans les périodes de grands bouleversements, comme c'est le cas en cette fin de XXème siècle et à l'aube du troisième millénaire. A l'heure où, partout dans le monde, resurgissent les intégrismes, qu'ils soient hindou, musulman, juif, chrétien, il est indispensable de placer au cœur de notre réflexion, en termes nouveaux, ce que l'on pourrait appeler la question spirituelle en se demandant : retour du religieux ou retour du spirituel ?
[...] Il est donc possible d'établir une distinction entre spiritualité et religion, comme le montre l'approche étymologique -le mot spirituel provient de spiritus ,le souffle, l'essence, le principe, ce qui est premier -, le fait spirituel étant toujours premier par rapport au fait religieux qui n'en constitue que l'instituation, et généralement la rigidification. Le développement actuel des diverses formes d'intégrisme religieux à travers le monde en témoigne amplement. "
La montée en puissance de l'intolérance est toujours liée à l'égotisme s'étendant au domaine du spirituel, le faisant instantanément passer dans celui du religieux.
Si le pessimisme d'Augustin est allégé par l'idée selon laquelle la Grâce doit précéder la décision, cette gratuité sous-entend l'impossibilité de remettre en cause l'ordre établi, notion dont abuseront les divers pouvoirs politiques et qui donnera naissance à l'affirmation de roi "de droit divin ". Or, pour les gnostiques, la décision de l'homme suffisamment éprouvé par l'ordre dialectique, devait précéder la Grâce pour qu'elle devienne active ; l'action volontaire, à partir d'un enseignement précis sur les deux ordres de natures et non pas de spéculations désordonnées, amenait en quelque sorte l'élection et non l'inverse. Cet " Aide toi et le ciel t'aidera " était déjà très révolutionnaire dans des périodes où le " spirituel " cherchait à s'acoquiner avec le temporel pour profiter des privilèges octroyés par la puissance des armes.
Cette vision du gnostique lui ouvrait la perspective de devenir lui-même un Christ au service de toute l'humanité et rendait caduc le dogme augustinien de rédemption par le Christ considéré de façon religieuse en tant que personnage fils unique de Dieu venu une fois pour toutes s'incarner dans la chair.
Pourtant, malgré son refus du dualisme, " L'Eglise catholique elle-même, en enseignant l'éternité des peines de l'autre vie, a créé dans l'avenir un mal, une existence qui ne finira pas et lui a refusé cependant l'égalité de puissance avec le principe du bien... "
Et Déodat Roché remarque que, " Augustin a bien admis que cette éternité n'est pas comme celle de Dieu puisqu'elle a un commencement, mais il reste dans un dualisme final puisque, selon lui, elle n'aura pas de fin. Quoiqu'il en soit de cette concordance de doctrine avec le manichéisme exotérique, il a manqué a Augustin cette vue des grandes périodes d'évolution cosmique et des vies successives qui était essentielle déjà aux platoniciens et que Manès a remise en valeur dans le christianisme. [...] La voie abstraite d'Augustin, détachée du monde, a été suivie jusqu'à nos jours par les mystiques catholiques, alors que les manichéens, par la manière dont ils concevaient la communion universelle avec le Christ cosmique, envisageaient la transformation complète du monde comme de l'humanité, la métamorphose de leur corps comme celui de la Terre. "
Mais ne peut-on pas franchir les barrières entre ésotérisme et exotérisme ? Sont-ils antagonistes au point de toujours se repousser l'un l'autre ?
Dans le cadre de son article intitulé Le Dualisme absolu de Mani, François Favre fait brillamment remarquer que : " Si un enseignement spirituel s'extériorise comme dualiste, le monisme est implicite. Si un enseignement spirituel s'extériorise comme moniste, le dualisme est implicite. Un enseignement qui exclurait l'un des deux termes ne pourrait être dit spirituel. De ce fait, un enseignement spirituel ne peut être que paradoxal. "
Sous les auspices nouveaux du 3ème millénaire, " Le temps est, semble-t-il, venu de rouvrir la question spirituelle en lui faisant quitter le plan de la confrontation et de l'opposition entre dualisme et non-dualisme, dans laquelle elle est généralement confinée en Occident. "
Ainsi, selon la parole du Bouddha, " Il n'y a pas de distinction entre le laïc et le religieux à condition que tous deux aient répudié la pensée du moi. "
Et pour Leisegang, inspiré par l'étude des textes gnostiques des premiers siècles, « La pureté de cœur, tel est le seul lien qui unisse les chrétiens entre eux au sein d'une Eglise de Dieu. » On lit dans une homélie de Valentin : " Beaucoup des choses qui sont consignées dans les bibles publiques se trouvent écrites dans l'Ekklêsia de Dieu. Car les choses communes sont ces paroles qui viennent du cœur, la loi qui est écrite dans le cœur. C'est là le peuple du Bien-Aimé, qui est aimé de lui et qui l'aime. " (Stromat., VI, 6, 52). Ainsi, au-dessus de toute législation extérieure, s'élève la Loi non écrite du cœur. C'est cette Loi qui forme la base de la vraie communauté dans laquelle les hommes se rencontrent dans l'amour commun d'un même Dieu qui leur a été révélé par le Sauveur. "
En tout cas, il est certain que dans tous les grands enseignements spirituels, la Connaissance des desseins de Dieu est synonyme d'Amour pour le prochain. Mais cet axiome serait tronqué si ne venait pas s'ajouter le Comportement : il constitue bien là le troisième point d'un triangle qui doit être absolument équilatéral. Plus que les mots, il doit rendre visible au monde cette éternelle loi d'Amour tant recherchée par les hommes et prônée et manifestée par les prophètes. C'est ce Comportement juste de leurs adeptes qui pourra seul prouver la valeur des nouvelles religions...
Auteur :
Thierry Bazzato
Sources :
http://www.histoire-christ-gnose.org/St_Augustin.htm