Ecole Rose-Croix d'Or
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LE REVIREMENT FONDAMENTAL
Quand l'homme, après de multiples tentatives pour se relier à quelque chose d'éternel, voit la vanité de ses efforts, lorsqu'il comprend que « la chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume », une orientation toute nouvelle de sa personnalité est possible.
Saisissant clairement les limites de la vie dialectique, connaissant toutes ses richesses comme toutes ses souffrances mais toujours sensible à l'appel qui, intérieurement, lui fait pressentir l'existence d'une vie supérieure, il va reconsidérer complètement son attitude.
Nous expliquions précédemment que la « chute » de l'homme dans la partie dualisée du Septénaire, le monde dialectique, était due au déséquilibre des sanctuaires de la tête et du coeur après la perte de leur unité primitive.
A l'origine, les trois facultés : pensée, désir et volonté, s'exerçaient indépendamment aussi bien qu'en collaboration harmonieuse. Cependant, quand l'homme se sépara de la Raison divine, il se soumit à la suprématie des désirs et convoitises de la vie ordinaire.
Lorsqu'un désir naît dans le coeur, il provoque une vive activité du corps subtil correspondant, c'est-à- dire le corps astral, appelé aussi corps du désir à cause de sa fonction principale. Cette activité consiste à repousser ou attirer, rejeter ou assimiler, afin de satisfaire au désir. Qu'attirons-nous ? Que repoussons- nous ? Ce qui donne les forces nécessaires à l'action envisagée.
Notre vie naturelle est entretenue non seulement par les substances solides, liquides et gazeuses fournies par la nourriture, la boisson et la respiration, mais aussi par des substances éthériques que nous captons par certains organes. La nature et la qualité des forces qui, attirées de l'atmosphère et de la matière primordiale, pénètrent le système microcosmique, dépendent de l'état magnétique (attractif ou répulsif) du champ de respiration, miroir réel de la personnalité.
Ces forces atteignent le microcosme par douze centres magnétiques, le zodiaque du microcosme, et touchent la personnalité dans les trois centres de conscience de la tête, du coeur et du bassin.
Dans l'ordre dialectique, les éthers dont nous vivons sont au nombre de quatre :
• éther chimique régissant l'assimilation des éléments nécessaires à la croissance et à l'entretien du corps physique
• éther vital régissant les fonctions créatrices
• éther lumière régissant les fonctions des sens et les manifestations des émotions et des sentiments
• éther réflecteur régissant les phénomènes de la pensée.
Ces quatre éthers ont chacun trois aspects destinés aux trois sanctuaires de la tête, du coeur et du bassin, soit quatre substances éthériques sous douze aspects.
Quand les textes sacrés parlent des quatre Nourritures Saintes, des quatre Seigneurs du destin, ils font allusion aux quatre éthers de la nature originelle. Ces éthers assurent la vivification du microcosme de l'Homme originel.
De même, faisant allusion aux douze aspects de ces éthers, ils parlent des douze Patriarches, des douze Disciples. La dénaturation du microcosme et la chute de l'homme dans la partie dialectique du Septénaire font qu'il ne vit plus des éthers supérieurs mais seulement des éthers dialectiques. Ce sont les douze aspects éthériques de ce domaine de vie, les douze éthers naturels dont nous vivons. Lorsqu'un homme est au terme de sa croissance, il vit des douze forces zodiacales naturelles, il se nourrit des douze pains. C'est par ces douze forces que l'être aural mène l'homme de ce monde dans l'emprisonnement dialectique.
On peut donc dire que le microcosme, le système humain originel, vit seulement dans la partie dialectique du Septénaire divin : les seules forces qui le pénètrent sont celles que la personnalité dialectique attire par la puissance de ses désirs, soit les douze éthers de la nature inférieure. Et les désirs et convoitises sont si puissants que la faculté de penser, comme celle de la volonté, qui devraient être autonomes, sont entièrement sous leur coupe.
Dans l'homme, les sanctuaires de la tête, du coeur et du bassin sont des foyers de conscience possédant les trois facultés : désir, pensée et volonté.
Le foyer de conscience du sanctuaire de la tête, centré sur le cerveau, régit la vie intellectuelle. Ce foyer est à même de désirer et de saisir par la raison les valeurs de cette vie, de discerner ce qui intéresse la personnalité et le moi, puis de tirer les conclusions entraînant l'action.
Le foyer de conscience du sanctuaire du coeur régit la vie affective. Il dispose d'une capacité de « penser », l'intuition, correspondant au désir qui s'y manifeste, et d'une « volonté », ou impulsion, extrêmement puissante, plus ou moins tempérée par la nature, la sensibilité, l'éducation et la raison.
Le foyer de conscience du sanctuaire du bassin, enfin, la conscience animale, qui est en fait la personnalité réelle cachée derrière le voile de la civilité et de la culture. Cette personnalité cherche la satisfaction de ses désirs, tendances et appétits par le moteur de cette volonté primaire que nous appelons l'instinct.
Quand le chercheur, aux prises avec le désir de retour à la vie divine, s'est heurté d'innombrables fois à l'obstacle insurmontable que ses capacités limitées opposent à ses efforts et à sa volonté, il comprend mieux la parole de Paul : « La loi est spirituelle, mais moi, je suis charnel. Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais. Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair : j'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Je trouve en moi cette loi : quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prends plaisir à la Loi de Dieu selon l'homme intérieur, mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de mon entendement et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres ... »
Car le penser de l'homme, détaché depuis des temps immémoriaux de la Sagesse divine, est complètement sous l'influence des désirs. L'équilibre entre la tête et le coeur est rompu et le coeur, incapable de retrouver l'Amour divin, force fondamentale de l'univers, préfère s'étourdir en se forgeant des idéaux.
Que ces idéaux soient très ordinaires ou très « nobles », prétendus « matériels » ou « spirituels », ce n'est qu'une question de degré : la réalité profonde reste le désir essentiel du moi, plus ou moins cultivé, de s'affirmer de quelque manière que ce soit. En devenant célèbre, en accumulant des richesses matérielles ou spirituelles, en accroissant ses mérites ou sa vertu, il essaye de se conserver, d'échapper à la peur fondamentale de sa disparition, de rendre immortel l'être artificiel qu'il est, pétri de pensées et sentiments artificiels.
La compréhension que, dans cette vie dualisée, tout désir, toute construction sont temporaires et bientôt anéantis par l'inexorable loi du « monter, briller, descendre », doit rendre évident au chercheur que ce n'est pas sur la base des pensées, désirs et volontés ordinaires du monde à trois dimensions qu'il pourra retourner dans le monde de la nature divine. C'est toujours l'initié Paul qui dit : « Aucun développement de cette nature ne signifie quelque chose, mais ce qui signifie quelque chose, c'est que vous deveniez une nouvelle créature. »
Quand le chercheur, par ses douloureuses expériences, est devenu plus réceptif à ces paroles, plus conscient de ce qu'elles ont de révolutionnaire, il ressent à quel point un changement total, un revirement fondamental est nécessaire.
Le candidat à la vie nouvelle ne comprend jamais trop clairement combien il est, dans toutes les fibres de son être, le jouet de forces et de tendances qui l'emprisonnent. Née de ce monde, sa personnalité est soumise non seulement au conditionnement de son milieu, de son éducation et de sa culture orientée, mais encore aux influences héréditaires de son sang. Ajoutez à cela les traces, d'autant plus profondes que subtiles, laissées dans le microcosme par les personnalités qui s'y sont succédées. Tout cet ensemble se démontre dans l'être aural.
Comment échapper à cet emprisonnement désespérant, dans quelle direction chercher ?
La libération ne peut venir que d'une valeur absolue, fondamentale, une valeur qui permettrait de relier à nouveau l'homme au Monde divin originel, qui enflammerait en lui les trois facultés, de telle sorte que désir, pensée et volonté vivent à nouveau en liaison constante et régénératrice avec la Lumière.
Mais comment trouver une telle valeur, sur quelle base établir une certitude inébranlable, une foi qui entraîne l'adhésion totale ?
Le chercheur sur le chemin doit bien comprendre qu'aucune autorité extérieure quelle qu'elle soit, aucune force touchant son intelligence ou ses sentiments ne peuvent lui apporter cette valeur, celle-ci n'appartenant pas au plan de conscience dialectique dans lequel sa vie le maintient. Il doit la trouver en lui-même, par une révolte intérieure totale, par un changement fondamental sur la base d'une connaissance de soi qui ne laisse aucune place à l'illusion.
Personne ne peut l'aider tant qu'il n'a pas senti jusqu'au fond de son être combien ses spéculations, ses rêves et ses actes sont vains ; tant qu'il n'a pas pénétré jusqu'aux racines de son moi et de ses chimères. Car c'est alors seulement que le désir primordial de Lumière, la faible voix de l'âme provenant du germe du coeur, du bouton de rose, peut se faire entendre et n'est plus étouffée par la pensée bruyante, l'activité effrénée et superficielle de la personnalité.
Il est donc conseillé au candidat de retrouver ce désir primordial et de s'efforcer de neutraliser, dans le plus grand calme, toute recherche ou convoitise venant du moi égoïste, comme tout refus ou toute peur d'une voie qui échappe à son discernement limité. Il doit arriver à maintenir ce calme, cette neutralisation vigilante, sans provoquer de tensions ou de refoulement. En observant ses pensées et sentiments — observation objective, sans jugement de valeur — en constatant son impuissance, sa tête et son coeur s'apaisent. Il est bientôt prêt au revirement fondamental.
Le revirement fondamental signifie donc la neutralisation du moi. C'est seulement en dissolvant progressivement les liens qui, par l'intermédiaire de l'être aural, nous rivent au domaine de la vie dialectique que nous pouvons nous relier à nouveau au domaine de la Vie divine, au Royaume originel. Il faut sortir du cycle : « désir, pensée spéculative, volonté agissante », ne plus réagir aux impulsions habituelles qui introduisent dans le « champ de respiration » les forces et valeurs contradictoires de la conscience dialectique.
Il faut aussi une grande lucidité et une perception intelligente pour éviter toute attitude artificielle, toute répression forcée de « défauts » ou d'habitudes entraînant des refoulements malsains, des explosions, et ne faisant que changer l'activité du moi en rapport avec ces « défauts ».
Il ne s'agit pas non plus de se réfugier dans l'indifférence et dans un laisser-aller vite baptisé sagesse I Il faut avant tout prendre congé du monde dialectique et remettre en question les activités emprisonnantes, inutiles et fatigantes auxquelles le coeur et le mental se complaisent depuis si longtemps.
Par le revirement fondamental, le candidat doit parvenir à une solitude librement consentie. Tout ce à quoi il s'était jusqu'alors accroché, toutes les certitudes sur lesquelles il s'appuyait et qui le soustrayaient à la torture du doute, toutes les spéculations philosophiques et métaphysiques s'effritent.
Cependant, la neutralisation des désirs ne doit pas être entreprise de façon expérimentale, comme dans certaines méthodes. Cela conduirait à des états négatifs, et la recherche forcée de résultats pourrait entraîner, avec l'obtention de ceux-ci, une prise de possession de la personnalité par des forces astrales ou un « esprit contrôle ». Nous reviendrons sur le sujet dans la prochaine lettre.
Le maintien du moi dans ce plan de vie est une force si puissante, elle est si ancrée dans notre sang, que l'on peut qualifier de naturelle la tendance à vouloir conserver la conscience-moi sur le chemin. Aussi le doute vient-il souvent à l'esprit du candidat qui, perdant ses critères habituels de discernement, ayant l'impression qu'il va disparaître dans ce qui, pour lui, est un désert, tend à se raccrocher au passé, au connu, et à regretter les « pots de viande d'Egypte ».
Souvent, pour ne pas lâcher prise, il prétexte qu'il risque de « perdre son âme ». Or l'Ame divine, l'Homme réel et éternel, ne peut pas se perdre. C'est Celui « qui était, qui est et qui sera de nouveau ». Il s'agit au contraire de le retrouver en éliminant le moi qui lui fait obstacle et qui est le seul créateur de cette crainte.
Le candidat doit prendre congé de cette nature. L'aspiration au monde de l'Ame, à la Terre promise, doit l'emporter sur l'angoisse de la disparition de l'égo et devenir un besoin intérieur puissant. A cette étape du chemin, il n'est plus question de compromis. Celui qui reconnaît clairement cela sait que le revirement fondamental est nécessaire. Son état de dépendance lui est une souffrance constante, il s'efforce donc de le neutraliser.
Comment y parvenir ? Le pèlerin sur le chemin de la Vie nouvelle doit abandonner tout ce qui faisait sa vie passée, abandonner l'apparente sagesse acquise, ne plus poursuivre de but ou vouloir progresser sur le plan dialectique terrestre et se retirer peu à peu du jeu des convoitises à mesure qu'il désire la Lumière. Il doit devenir « silencieux devant Dieu ».
Les textes sacrés font clairement comprendre, et le candidat vit de cette vérité, que la Lumière pranique originelle afflue toujours plus dans le microcosme qui se libère du moi dialectique, et cela d'une manière que le moi ne peut absolument pas prévoir.
La Lumière se manifeste totalement en dehors de la conscience ordinaire, ce qui renforce la tendance à négliger les réticences de cette dernière. L'apaisement de la conscience-moi et de ses pouvoirs entraîne des modifications importantes ayant des répercussions sur l'état du sang, du système nerveux et des glandes à sécrétion interne. Car il y a une interaction bien plus grande qu'on ne le pense entre la conscience-moi, que nous avons appelée la conscience-sang, et les supports matériels de cette conscience.
La sphère aurale, ou champ de respiration, est généralement agitée par le jeu des pensées, des désirs et des passions de la vie naturelle. L'état de conscience du moment détermine la nature des forces astrales et éthériques qui pénètrent le système vital, forces inhalées en particulier par l'ethmoïde et par le sternum. Le scientifique en quête de théories, le tribun meneur de foules, le dévot implorant le ciel, l'artiste féru de nouvelles formes d'expression, tout en se reliant à des forces astrales, ou formes-pensées extrêmement variées, n'en traduisent pas moins ce qui appartient au monde de la conscience dialectique.
La majeure partie de l'activité de la conscience ordinaire consiste en un échange continuel entre les créations mentales et astrales des hommes, qui en sont inconsciemment prisonniers. Chacun, selon son aspiration, son idéal, attire dans sa sphère aurale ce qui est en concordance et repousse ce qui ne l'est pas. Le candidat arrivé au seuil du revirement fondamental comprend la nécessité de dépasser ce plan de conscience, de neutraliser les douze forces éthériques naturelles dont il vivait jusque-là et de permettre à d'autres forces de pénétrer son système vital.
Chacun, selon ce qu'il est, c'est-à-dire en fonction de l'activité des centres de forces vivifiés dans la sphère aurale, reçoit un certain type de vibrations de la substance primordiale. Toutes les activités de l'homme dépendent donc de l'être aural, qui est l'intermédiaire entre la personnalité et les forces des quatre éthers dialectiques.
L'être aural, encore appelé moi-supérieur ou gardien du seuil, n'est ni surnaturel ni divin : il n'existe que dans la mesure ou le moi inférieur, la personnalité terrestre, le vivifie.
L'être aural s'oppose donc par tous les moyens à la disparition des forces éthériques et astrales dont il vit, et s'efforce toujours plus de diriger l'homme dans des voies où il gardera la mainmise sur lui. Il emploiera les moyens les plus subtils pour présenter au chercheur une imitation très poussée du chemin afin de le retenir dans le désert qu'est devenue pour lui la vie de ce monde. C'est la tentation dans le désert, Satan en nous, capable de se présenter comme un ange de Lumière et d'utiliser la Parole pour nous orienter vers des réalisations élevées, mais restant du domaine dialectique.
C'est de lui que viennent certaines intuitions, des inspirations, des éclairs de lumière, des apparitions et des « matérialisations ». Un critère absolu en la matière est que ces suggestions visent généralement à renforcer le moi dans le sentiment de sa propre valeur.
Lorsque la double activité de l'être aural, attraction et répulsion, est neutralisée, les seules forces naturelles qui pénètrent le système sont celles nécessaires au maintien des fonctions biologiques de base. Le candidat n'a nullement à s'en occuper, car l'activité autonome des organes régie par le système nerveux sympathique gagne à n'être plus perturbée par les tensions et désordres que causent les convoitises. Si les désirs naturels sont suffisamment neutralisés et cèdent enfin la place au Désir primordial, une toute nouvelle activité du coeur, un nouveau pouvoir magnétique, latent dans le microcosme, se manifeste.
ROSE-CROIX D’OR LA GNOSE – 12 BROCHURES D’INFORMATION
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n°05
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