Ecole Rose-Croix d'Or
Copywrite © Lectorium Rosicrucianum
LES DEUX ASPECTS DE NOTRE
ORDRE DE VIE
Ce que nous appelons le Royaume Universel ne correspond pas à une réalité disparue dans le lointain passé ou perdue dans l'espace incommensurable. Il s'agit de la Création Parfaite, où l'Homme, image du Divin, doit se manifester pour sa gloire.
La philosophie de la Rose-Croix d'Or décrit ce Royaume comme formé par un ensemble de sept domaines de vie, de sept sphères qui s'interpénètrent en formant une unité, comme les sept couleurs fondamentales se fondent dans la lumière blanche.
Chacune de ces sphères, chacun de ces domaines de vie a ses caractéristiques propres, mais ne prend son véritable sens que dans sa relation avec les six autres.
L'une de ces sphères, notre domaine terrestre, visible, est la septième partie de ce septénaire, la partie la plus dense. Les lois naturelles qui s'y manifestent, et dont nous ne saisissons qu'un aspect très partiel, sont telles que cette septième partie, ce septième domaine de vie, a pour rôle de libérer des forces au service de la Vie Parfaite, qui trouve son unique et divine expansion dans le septénaire entier.
Ce que nous appelons « notre monde », « notre ordre de nature », n'est donc qu'un aspect de la Réalité Cosmique Divine, aspect le plus matérialisé, de basse vibration, où nous nous sommes cantonnés après avoir perdu la conscience de cette Perfection, alors que, de toute origine, nous sommes appelés à la Vie absolue du Septénaire Divin.
Notre sphère de vie dialectique, dualisée, représente pour l'homme terrestre une partie limitée, une enclave à l'intérieur du Royaume Originel Septuple, car il s'arrête à ce seul aspect. Dans chacune des parties, cette sphère terrestre a le pouvoir, par ses propres lois, de se protéger contre toute atteinte à sa nature et de permettre ainsi le fonctionnement du Septénaire en toute circonstance.
La conséquence de ces lois protectrices est que tout développement dans une direction dialectique, une direction qui ne correspond donc pas à l'Idée Divine Parfaite du Septénaire, entraîne invariablement des effets opposés à ceux recherchés. C'est là le drame de l'humanité ignorante : une aspiration intérieure d'origine divine la pousse à dépasser ses limites, à rechercher l'absolu, mais en ne s'orientant que selon l'aspect dialectique terrestre, elle provoque la réaction dialectique qui neutralise et détruit ses constructions éphémères. Ainsi l'homme ne saisit-il qu'un aspect terrestre, très partiel, de sa réalité d'être créé à l'image du Divin.
Et pourtant, autour de lui comme en lui, cette loi de la septuple unité a laissé son empreinte, tel un fil conducteur pour le « Dieu déchu qui se souvient des cieux ». En effet, s'il ne la retrouve dans le milieu physique (les sept couleurs du spectre lumineux, les sept systèmes de cristallisation, les sept périodes atomiques, etc ...), combien de légendes ne le mettent-elles pas devant la nécessité d'entendre les sept voix, de trouver les sept clés, de se relier, en sept jours, à la création parfaite ?
Alors qu'il est appelé à cette gloire (« J'ai dit : vous êtes des Dieux» rappelle la Bible), l'homme ne se base que sur l'aspect terrestre, limité, de son être et par là ne se relie qu'aux seules lois de ce monde. Ces lois d'un monde dialectique régi par l'alternance et l'équilibre des opposés font que tout développement porte en lui-même le germe de sa fin.
Civilisations, religions, idéologies s'autodétruisent d'elles-mêmes car, n'étant pas basées sur le principe d'éternité gouvernant le Septénaire mais sur les lois dialectiques temporelles, elles exaltent un aspect de la vie terrestre qui suscite automatiquement son opposé.
L'homme poursuit donc ses expériences dans ce monde suivant le schéma classique : illusion d'un rapide changement extérieur des conditions terrestres de vie, efforts pénibles pour atteindre le rêve projeté, écroulement du rêve et naissance d'une nouvelle illusion. Ses pensées, désirs et actes n'ont nulle cohérence. La passion renverse souvent la raison : ses actes naissent le plus souvent d'influences où dominent la peur et l'égocentrisme.
Aucun principe supérieur n'unifie tête, coeur et mains, pour le guider vers la Réalité Cosmique Divine, vers le Royaume Originel.
Seule une connaissance de soi véritable (« Connais-toi toi-même ») peut lui permettre de retrouver ce principe d'unité intérieure par lequel pensée, désir et action rendent à sa vie son sens véritable et sa plénitude.
C'est pourquoi l'Enseignement Gnostique place devant l'homme terrestre, qui a saisi la nature de ses limites et ressenti la grandeur des possibilités qui sont en lui, l'image de l'Homme originel, de l'Homme véritable vivant dans l'harmonie des sept sphères.
De même qu'à la naissance l'enfant est riche des possibilités de conscience terrestre qu'il développera au cours de sa vie, de même chaque humain porte en lui, dans le microcosme, dans cette sphère magnétique vibrante qui l'entoure, la possibilité d'une conscience divine, la possibilité d'entrer dans le « Royaume des cieux ». Cette possibilité est portée par la semence d'éternité enfouie dans le coeur de l'homme.
Cette semence, cette étincelle de Lumière qu'évoquent toutes les traditions, est le foyer central du microcosme, de l'Homme Véritable septuple ; par sa relation avec le coeur de la personnalité terrestre, elle est le principe directeur qui pousse à la réalisation et incite à retrouver l'Unité.
On peut se représenter le microcosme comme une sphère magnétique dont l'influence s'étend à plusieurs mètres autour du corps. Ce système vital sphérique, émanation du Royaume Universel Septuple, possède un septuple champ spirituel. C'est dans ce champ septuple, dans ce microcosme, cet univers en réduction, que la personnalité, qui possède elle aussi sept aspects, voit sa vie se dérouler.
On y trouve donc tout d'abord le corps physique, bien connu. Celui-ci est entouré, interpénétré par un corps fait de matière bien plus subtile, invisible à l'oeil ordinaire, le corps éthérique ou double.
Ce corps subtil peut être vu comme formé de l'ensemble des ramifications de plus en plus ténues de notre système nerveux. Dépassant légèrement le corps physique, il relie le système nerveux physique et le milieu extérieur dans lequel il puise les forces éthériques nécessaires à la vie matérielle.
C'est donc dans ce corps éthérique que commence tout déséquilibre physiologique, toute maladie, avant de se manifester dans le corps physique (ce qui explique les manipulations de certains magnétiseurs pour tenter de rétablir un équilibre au moyen de leur propre état éthérique).
Un troisième corps, plus subtil encore, interpénètre les deux premiers. C'est le corps astral, ou corps des désirs. La matière subtile qui le forme a une vibration plus élevée que les deux autres. Ce corps, que l'on peut voir comme un nuage susceptible de prendre diverses apparences, dont celle de la personnalité physique, donne forme aux désirs et convoitises de toutes sortes, qu'il transmet au corps éthérique et physique en vue de leur satisfaction.
C'est dans ce corps astral que, la nuit, notre conscience fait des expériences dans les domaines de l'astral terrestre, les domaines invisibles de notre planète, dont certains rêves nous rapportent des bribes de souvenirs. C'est au moyen de ce corps que l'occultiste pratique le « dédoublement », tâchant ainsi de soulever le voile qui masque l'au- delà, et que certains décédés, encore fort liés à la matière, provoquent apparitions et phénomènes divers, cause de maints récits relatifs à cet aspect peu connu de notre monde.
Par l'ensemble des désirs qui s'y manifestent (car les désirs forment la base de notre égo), le corps astral exerce une influence dominante sur l'orientation de notre vie.
Il existe enfin un quatrième corps, le corps mental, foyer de forces lumineuses centrées sur la tête, en rapport avec le véritable pouvoir mental, encore embryonnaire chez l'homme ordinaire.
A ces quatre corps, ces quatre aspects de l'homme terrestre, aspects de subtilité croissante, il faut ajouter trois foyers de conscience, car la personnalité terrestre complète, reflet de l'Homme originel, est, elle aussi, septuple 1
le foyer de conscience de la tête, siège de la vie intellectuelle
le foyer de conscience du coeur, qui régit la vie sentimentale et affective, en relation avec le corps astral
le foyer de conscience du bassin, relié au plexus solaire, qui forme l'égo de base, animal, dirigé par les instincts ordinaires.
De même que le globe terrestre se meut dans le système solaire, subissant les influences du milieu cosmique extérieur, de tout le firmament qui l'entoure, de même notre personnalité septuple est entourée, dans le microcosme, de son « firmament » particulier, tel le « Fils d'homme au milieu des sept chandeliers d'or », c'est-à-dire d'un champ magnétique septuple comportant de multiples lumières et foyers. La Doctrine Universelle en parle comme du moi supérieur ou de l'être aural. Il représente la totalité des forces, des tendances provenant des expériences faites, au cours des millénaires, par les personnalités temporelles qui se sont succédées dans le microcosme. Car le microcosme, lui, est éternel.
On peut considéré l'être aural, le « ciel » de notre microcosme, comme portant en lui, avec l'expérience du passé, la trame de la vie actuelle de la personnalité. C'est dans ce ciel particulier à chacun, dans ce zodiaque individuel relié au zodiaque terrestre, que l'astrologue déchiffre les grandes lignes, les difficultés comme les possibilités de la personnalité « habitant » actuellement le microcosme.
Toutes les tendances, les idéaux, les actes du lointain passé forment aussi bien son aspect négatif, satanique, que son aspect positif, angélique, lumineux. La connaissance de l'être aural, du « ciel » du microcosme, est un des points fondamentaux de l'Enseignement Gnostique.
Et l'on comprend que des notions comme « unir le ciel et la terre », comme celle de l'échelle de Jacob, « appuyée sur la terre, dont le sommet touche au ciel et sur laquelle montent et descendent les anges de Dieu », représentent bien plus que des images mystiques.
Les douze foyers magnétiques, les douze portes, les douze constellations de la sphère aurale qui entourent la personnalité déterminent la nature de ce qui pénètre dans le microcosme et peut être capté par la personnalité. Donc, c'est dans le « ciel » de notre microcosme que se trouve la cause même de notre emprisonnement dans l'aspect matériel, et de la limitation de notre conscience.
C'est pourquoi toute transformation véritable de la condition humaine, toute libération, passe par un total changement de cette sphère aurale, de sa nature et de son orientation.
Fort nombreuses sont les tentatives de modifier le comportement de l'homme terrestre, d'affiner tant soit peu sa conscience. Mais ces tentatives, qu'elles soient religieuses, scientifiques ou occultes, sont toujours contrôlées par l'être aural, par ce moi qui, pour être « supérieur », n'en reste pas moins terrestre et rivé à l'aspect dialectique des choses.
Aussi le croyant qui voit apparaître son Christ, sa Vierge, son Bouddha ou tel Maître lumineux, attribuera à l'influence divine ce qui relève d'une projection par l'être aural, le moi-supérieur, d'une image en totale concordance avec ce qu'attend le moi-inférieur.
Si l'on veut qu'un changement réel puisse avoir lieu, si l'on désire mettre fin à la succession des illusions, les foyers magnétiques de la sphère aurale devront être orientés tout autrement. Un nouveau ciel devra apparaître avant que soit créée une nouvelle terre. Car la libération implique que le microcosme puisse à nouveau se relier à la totalité du Royaume Originel Septuple et briser le carcan qui, par l'être aural, le maintient lié au seul aspect dialectique terrestre.
Un tel changement doit être précédé d'un renouvellement de la sphère aurale par un don total de l'être-moi à l'Ame divine naissante, don qui ne se limite pas à certains aspects de notre individualité, mais qui demande la dissolution totale du principe-moi, de l'égo personnel coupé de l'Esprit.
Nous voulons bien essayer de faire disparaître nos caractéristiques déplaisantes, mais comprendre la puissante parole de Paul : « Pour Dieu il n'y a pas d'acceptation de la personne », est tout autre chose. Car nous sommes riches, comme le jeune homme de l'Evangile, riches de notre « intelligence », de notre « sagesse », de notre « bonté », de nos vertus, de nos certitudes, et devant la Lumière de la vérité qui nous dit : « Vends tous tes biens et suis-moi », nous préférons le continuel compromis.
Mais la réorientation, le changement fondamental est un processus gigantesque, c'est tout le processus initiatique ; il implique de descendre dans notre propre enfer et, en trois jours, en renouvelant les trois centres de conscience, de ressusciter d'entre les morts.
Ce processus de recréation de l'homme a lieu dans notre atmosphère de vie, entre la terre et le ciel, entre la personnalité et l'être aural. Le champ de vie où se fait la liaison entre la personnalité et l'être aural est appelé champ de respiration. C'est là, en effet, que toutes les valeurs et forces que nous attirons par notre orientation et notre aspiration pénètrent en nous par l'intermédiaire de l'être aural.
Nous déversons dans ce champ, dans cette atmosphère personnelle qui nous entoure et nous caractérise, tout ce à quoi notre activité mentale et émotionnelle donne naissance. Notre orientation de vie habituelle y trouve ses impulsions et entretient les obsessions, les peurs, l'inertie comme l'enthousiasme, la joie, les idéaux avec lesquels nous construisons notre prison individuelle.
C'est seulement quand, par une toute nouvelle orientation, le foyer central du microcosme, la rose du coeur, s'éveille, que les forces du Septuple Royaume Universel pénètrent dans le microcosme et le régénèrent totalement.
« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu. » Ainsi s'exprime Jean dans l'Apocalypse et il ajoute, parlant de la Jérusalem céleste, la ville aux douze portes, le microcosme aux douze foyers allumés dans la Lumière divine: « Voici le Temple de Dieu avec les hommes! »
De la personnalité septuple nous ne voyons généralement que l'aspect le plus cristallisé, le plus densifié, c'est-à-dire le corps physique. De même nous ne voyons que l'aspect physique de notre terre, méconnaissant les aspects invisibles et leur influence.
Car la terre, comme l'homme, possède en plus de son aspect physique un aspect éthérique et un aspect astral fort développés.
C'est là une des grandes sources d'illusion, d'erreur et de mystification sur le chemin du chercheur spirituel. Car si le « Royaume n'est pas de ce monde », la tentation est forte de le chercher dans ces domaines invisibles où vont les morts et où tant de phénomènes et de signes semblent indiquer que se perpétue une forme de vie échappant à nos critères terrestres. (Nous en reparlerons à propos du spiritisme.)
Or ces domaines de l'au-delà ne sont que l'aspect invisible de notre monde terrestre visible. Sphère éthérique et sphère astrale sont à la terre ce que le corps éthérique et le corps astral sont au corps physique. Ici-bas et au-delà appartiennent tous deux au domaine de la vie dialectique, à la partie inférieure du Septénaire.
L'au-delà n'est nullement un séjour éternel, la mort du corps physique nullement l'entrée dans l'immortalité !
L'homme qualifie rapidement de miraculeux ou de divins les phénomènes dont les lois lui échappent. Le Royaume des Cieux, le monde originel des Ames Vivantes, n'a pas plus de rapport avec ces domaines invisibles, ces soi-disant paradis, qu'il n'en a avec le domaine visible que nous connaissons.
Le Royaume est en nous. Le Royaume est en l'homme qui, rétablissant par la renaissance la liaison avec le principe originel, voit le microcosme vibrer à nouveau dans la gloire du Septénaire Divin.
A l'origine, les diverses sphères de vie matérielle, éthérique, astrale et mentale étaient vierges, bien que soumises aux lois de la dualité, de l'opposition des contraires, du « monter, briller et descendre ».
Elles pouvaient fournir aux différents corps correspondants de l'homme les forces et les éléments nécessaires à leur développement. Comme l'architecte, une fois son plan mentalement conçu, trouve pour le réaliser les matériaux nécessaires à la construction, de même la conscience, libre du moi qui le détourne de ce grand but, pouvait trouver dans ces sphères tous les éléments nécessaires à la construction du temple intérieur.
Mais seule une infime partie de l'humanité déchue a suivi le chemin de la reconstitution de ce temple dans l'homme et restitué au microcosme sa gloire d'antan. Depuis des millénaires, comme de nos jours, l'homme donne la primauté à la vie des convoitises et des désirs.
Si nous observons avec lucidité notre comportement, nous verrons que nos agissements, que nous les disions égoïstes ou altruistes, mesquins ou nobles, matériels ou spirituels, visent uniquement à combler nos désirs.
L'homme lutte sans cesse pour la prééminence de son égo sur les autres, et la satisfaction de ses appétits ordinaires comme subtils, physiques, affectifs, intellectuels, artistiques, philosophiques et religieux, etc. La volonté, comme les pensées, sont entièrement sous la coupe des désirs.
Ce n'est certes pas la raison qui mène le monde !
Au cours des siècles, le pouvoir créateur du mental humain s'est détourné des perspectives grandioses de la renaissance pour se mettre au service d'une vie de sentiments sans frein accaparant toute son énergie.
Ses continuels désirs créent sans cesse, dans le champ astral de la terre, des formes-pensées d'autant plus puissantes que des millions d'êtres vivifient ces désirs. Héros, saints, maîtres, images humaines de divinités, idéologies du sang, de la race, de la religion n'existent dans l'astral qu'en orientant toujours l'homme vers les activités et les désirs qui leur ont donné naissance (Zeus ou Minerve n'apparaissent plus comme aux temps de leurs adorateurs !)
Les plus puissantes de ces forces qui emprisonnent la conscience des hommes peuvent devenir elles-mêmes conscientes, et influencer le mental humain ordinaire dans leur intérêt. La philosophie gnostique appelle ces forces des éons. De tels éons sont inséparables de l'activité passionnelle et de l'émotivité sans frein qui accompagnent groupements religieux ou politiques, et les amènent aux pires aberrations.
Or, aussi total que soit l'emprisonnement de l'homme dans le champ astral et dans le champ terrestre, peuplés l'un et l'autre de fantômes et d'illusions, le lancinant appel de la vie réelle ne résonne pas moins au plus profond de son coeur.
Mais l'appel n'est guère audible dans la cacophonie des pensées et des désirs que l'homme cultive soigneusement. Et si, malgré tout, il part à la recherche du Monde originel, il se heurte bientôt, plus ou moins consciemment, aux limites imposées par la nature dialectique. C'est ainsi qu'il essaie d'établir le Royaume sur terre ou dans les domaines invisibles de la terre, avec l'espoir insensé de faire entrer dans l'éternité la personnalité terrestre.
En effet, quand nous constatons nos imperfections, nos défauts, notre violence, nos tendances égocentriques et nos passions naturelles, nous essayons de les maîtriser par une conduite morale ou humanitaire. Par ce refoulement, baptisé amour du prochain ou civilité, ascèse ou force de caractère, piété ou vertu, nous créons un champ de tension, intérieur et individuel dans notre champ de respiration aussi bien qu'extérieur et collectif dans l'astral de la terre.
Et c'est ce champ de tension des passions humaines refoulées qui forme les domaines inférieurs de la sphère aurale, peuplée de tous nos fantômes et de tous nos démons. L'armature intérieure créée par notre angoisse et, corrélativement, par notre maîtrise de soi finit par céder, à la mort ou bien à la suite d'une perturbation psychique, et nous devenons, dès notre contact avec cette sphère astrale inférieure, prisonniers de nos créatures et de nos démons.
Esprits liés à la terre, spectres, revenants de toute sorte, restes de personnalités humaines retardant leur dissolution en s'accrochant à ce qui subsiste de leurs corps subtils, peuplent ces domaines de l'au-delà.
A l'opposé, des hommes aux tendances idéalistes et religieuses ayant une certaine idée de l'existence de cet « enfer », s'efforcent d'y faire échapper l'humanité en éveillant en elle des aspirations et des pensées dites
« supérieures », en apportant des doctrines exaltantes, basées sur les plus hautes normes dialectiques de beauté, d'amour et de sagesse. Mais ils donnent ainsi vie aux domaines supérieurs de la sphère astrale de la terre,
car tout ce qui a existé sur terre d'abject comme de merveilleux y a son pendant et son reflet.
Dès que l'homme s'écarte du principe de la Vie véritable, qu'il rompt l'harmonie cosmique, il est attiré dans un plan de vie inférieur en vertu des lois protégeant la création divine. Là, il se trouve confronté aux conséquences de ses actes afin que, par l'expérience, sa conscience puisse l'amener à une réorientation. Car l'homme n'est pas purement et simplement banni dans l'ordre de nature dialectique. Continuellement, la possibilité du retour dans la perfection du Septuple Domaine Divin lui est offerte.
Soumis à un perpétuel brisement, à l'inflexible loi du « monter, briller, descendre », il vit dans un monde auquel sa nature profonde sent qu'elle n'appartient pas, un monde qui l'inquiète et le menace sans cesse, dans lequel tout ce qu'il édifie et toutes les raisons de ses luttes sont voués inéluctablement à l'anéantissement.
Refusant d'accepter ce monde comme un moyen, il lutte continuellement pour le rendre harmonieux. Dans ce but, il agrandit toujours les domaines culturel, scientifique, religieux, artistique, occulte, etc.
Se heurtant à l'obstacle infranchissable de la mort du corps physique, et comprenant que rien n'est impérissable, il reporte ses espoirs sur la partie invisible de ce monde, sur l'au-delà, la sphère astrale de la terre.
Or l'Homme originel, le microcosme, est uni à une personnalité mortelle, qui ne peut s'exprimer que passagèrement dans les deux aspects du monde dialectique. Il est impossible à cette personnalité de vivre toujours, que ce soit ici- bas ou dans l'au-delà.
Pour que l'homme sorte des limites de ce monde, il doit se construire une personnalité nouvelle, libérée des lois de ce monde. Qu'il n'attende rien de la mort. La mort selon la nature, la mort de la personnalité, ne le fera jamais entrer dans l'éternité du Royaume divin.
A la mort du corps physique, la personnalité quitte la partie visible du monde et pénètre dans la partie invisible, subtile, du monde dialectique. Les autres corps subtils : éthérique, astral et mental, après un séjour plus ou moins long dans les domaines correspondants, se dissolvent progressivement et, de la personnalité, il ne reste que l'essence de la vie passée, enregistrée dans le microcosme.
A ce moment, le microcosme n'a plus de manifestation terrestre et une nouvelle incarnation dans la matière est nécessaire pour qu'une autre personnalité offre à l'Ame divine la chance de s'éveiller à la Vie qu'elle attend depuis si longtemps. (Nous parlerons de ce sujet plus précisément dans la sixième lettre.)
Les lois de ce monde dialectique, de cette partie du Septénaire soumis au perpétuel brisement, paraissent dures à l'homme qui ne voit pas que c'est
sa propre obstination qui les lui fait subir.
Et c'est seulement lorsque, tel l'enfant prodigue ayant dissipé son héritage, il se retrouve désillusionné, misérable et recru de souffrance que, du plus profond de son âme troublée, il peut dire : « Je me lèverai et j'irai vers mon Père », et prendre enfin la décision de revenir dans le Royaume qui, depuis si longtemps, attend son retour.
L'homme est alors prêt pour un total changement, pour le revirement fondamental.
ROSE-CROIX D’OR LA GNOSE – 12 BROCHURES D’INFORMATION
Brochure
n°04
Contacter l'école de la Rose-Croix d'Or