Ecole de la Rose-Croix d'or
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NATURE ET ROYAUME DIVIN
Dans les premières brochures, nous avons parlé de l'illusion dans laquelle nous vivons dans ce monde. Nous avons tenté de montrer qu'il est impossible de saisir en ce monde une vérité absolue, et que l'homme qui cherche avec les capacités et les moyens de la nature ordinaire ne peut jamais parvenir à la libération. Il ne peut se libérer de ce monde.
Dans le monde de l'espace-temps, rien de permanent ne peut être établi. Rien de ce qui existe ici-bas ne peut nous soustraire aux lois de la terre, et par conséquent au souci, à la maladie, à la souffrance, à la mort. Nous avons ensuite montré que l'au-delà est aussi un domaine temporel, où il n'y a pas de libération, en tout cas pas de libération éternelle! L'au-delà n'est que le pendant invisible du monde matériel visible.
C'est justement parce que l'au-delà n'est pas visible que l'illusion est si facile, et la mainmise de l'invisible si funeste. Le monde visible et le monde invisible forment un tout et la loi : « rien n'est permanent, tout a un commencement et une fin » s'applique aussi bien à l'un qu'à l'autre.
Cependant, nous disions aussi qu'outre ce monde de l'illusion et par delà ses limitations, existe encore un autre monde. Cet autre monde est le monde réel et originel de la création divine. C'est le « Royaume des cieux qui n'est pas de ce monde » dont parle l'Evangile.
Toutes tentatives pour faire de notre monde un Eldorado s'avèrent illusoires et sont toujours vouées à l'échec. Aucune réalisation n'est jamais parfaitement satisfaisante. Mais ce quelque chose qui manque toujours ne serait-il pas justement l'unique réalité, par laquelle le Divin se manifeste au chercheur ? N'est- il pas la plus convaincante des preuves que l'homme, en vérité, n'est pas de ce monde ? Nous en venons alors tout naturellement à la notion de deux ordres de nature :
1 — l'ordre de nature divin
2 — l'ordre de nature anti-divin
L'illimité, l'absolu et l'unité caractérisent l'ordre de nature divin. Dans cet ordre, point d'opposés et point d'inconstance.
Par contre, la chute, l'erreur, le passage incessant du devenir au disparaître caractérisent l'ordre de nature anti-divin. Rien n'y est durable, tout y a une fin. C'est pourquoi cet ordre est aussi appelé ordre de nature dialectique, par opposition à l'immuabilité de l'ordre divin statique.
Dans le monde dialectique tout naît, croît et meurt, tout se change sans cesse en son contraire. Dans le monde divin, le « Royaume des Cieux », tout est éternel et impérissable.
Mais si le monde dialectique est malédiction, il est aussi grâce. Il est malédiction parce que rien n'y est stable. Tout vient, tout s'en va. Le bien et le mal font tour à tour pencher les plateaux de la balance. Tout y est désespéré et sans issue. Mais il est aussi grâce parce que l'instabilité permanente empêche notre cristallisation définitive, détruit sans cesse le mal que nous faisons et maintient ainsi en mouvement l'humanité déchue.
Il y a donc deux ordres de vie : d'une part celui de la chute, de la dualité des opposés, qui est aussi l'ordre de vie de la grâce, où interviennent les forces patientes et salvatrices de la Hiérarchie de Christ ; et d'autre part l'ordre de vie de la perfection, de l'unité, du Divin.
Mais il faut bien saisir que ces deux ordres existent simultanément, dans le même espace, car il n'est point de lieu où la plénitude divine ne soit présente. Le Royaume divin et son atmosphère de vie nous sont « plus proches que les pieds et les mains ». Oui, ils sont « en nous », et tous les envoyés qui témoignent de la plénitude divine disent: « Il est au milieu de vous, mais vous ne Le connaissez pas ». L'Eau Vive est là, vous pouvez en boire librement.
Ces deux ordres de nature ne sont pas seulement présents ici-bas simultanément, ils sont l'un et l'autre aussi discernables, à condition de posséder le pouvoir réceptif et les sens nécessaires. L'homme ordinaire, dont la nature est entièrement dialectique, possède les organes des sens adaptés à la
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perception des phénomènes dialectiques, mais aucun pouvoir ou sens adaptés au domaine statique. C'est pourquoi il n'est pas capable de percevoir les phénomènes du monde divin.
Prenons un exemple dans le monde dialectique. Si vous n'aviez pas des yeux, une grande partie du monde vous échapperait, vous resterait absolument fermée. Vous disposeriez de vos autres sens, mais vous ne pourriez absolument pas vous représenter la lumière et l'harmonie des couleurs.
Ainsi sommes-nous face au monde divin. Nous n'avons pas la faculté de percevoir que le Royaume du ciel est tout proche, qu'il est autour de nous, « plus proche que les pieds et les mains ». Nous avons beau en entendre parler, nous avons beau multiplier les lectures sur le sujet, nous avons beau y croire, nous ne sommes pas en mesure d'en percevoir la moindre chose avec les sens dialectiques. Comment expliquer cela ?
Les différents corps de l'homme — dont le corps matériel grossier est généralement le seul visible (une prochaine lettre traitera en détail du sujet) — sont tous faits de la même matière que la terre et ses différentes sphères. Il est donc logique que notre pouvoir de perception soit limité aux phénomènes de ce monde. Comme nous pouvons voir le soleil, la lune, les planètes et les étoiles, il en résulte que ces créations appartiennent au monde dialectique dans leur aspect visible et sensible. Car nous sommes loin de saisir la plénitude de la création.
Nos sens, qui appartiennent à ce monde, nous permettent de percevoir uniquement les phénomènes de l'aspect dialectique de l'univers. Les phénomènes de l'autre monde, du Royaume Divin, sont donc perçus seulement si nous disposons d'organes des sens formés de la substance originelle divine, de la substance originelle cosmique. Nous abordons ici le sujet de la renaissance ou transfiguration de l'homme, sujet sur lequel nous reviendrons par la suite.
La substance originelle, celle du Royaume de Dieu, est symbolisée par l'Eau. C'est l'Eau originelle dont parlent les philosophies très anciennes. Le Christianisme l'appelle aussi « l'Eau Vive », d'où la parole si importante : « Quiconque n'est pas rené d'Eau et d'Esprit ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ».
Le Royaume des cieux est le monde où l'Homme originel révèle et développe les infinies possibilités du Divin.
L'Ecole Spirituelle Gnostique de la Rose-Croix d'Or enseigne donc l'existence de deux champs de vie :
le champ de vie statique. L'homme se le représente uniquement s'il acquière, par la transfiguration ou renaissance, les organes des sens (qu'il possède en puissance) formés de la même substance originelle divine que ce champ de vie ou « Royaume des Cieux ».
le champ de vie dialectique. Il présente deux aspects:
l'aspect visible, notre milieu de vie ordinaire bien connu
l'aspect invisible (du moins pour la plupart des hommes) ou « au-delà », nommé aussi sphère réflectrice, parce qu'elle reflète les phénomènes du monde visible. Nous en reparlerons plus loin.
L'homme demeure alternativement dans l'un puis l'autre de ces deux aspects, visible et invisible, du champ de vie dialectique. Etre de chair et de sang, lié à la roue de la vie et de la mort, il ignore tout de la Vie véritable, de la Vie qui n'a pas de fin.
La connaissance de ces deux ordres de nature est un des points fondamentaux de l'enseignement gnostique. Là est la différence essentielle avec l'enseignement de la plupart des philosophies, des religions et des sectes. En effet, tout enseignement concernant l'un ou l'autre des aspects du domaine dialectique, que ce soit l'aspect visible ou l'aspect invisible, c'est-à-dire l'au-delà avec ses innombrables divinités, paradis, enfers et illusions, ne peut amener que des développements de nature dialectique, mais certes pas la libération. Un enseignement n'est réellement libérateur que relié à l'aspect originel divin.
Pourquoi, vivant dans le monde dialectique, n'avons-nous aucun contact avec le monde originel de l'harmonie divine ?
Notre présence dans le seul aspect dialectique est due aux limitations de notre conscience à la suite de notre rupture avec l'Idée divine originelle. L'homme ne peut plus capter la Sagesse divine, il est totalement soumis à la vie des sentiments.
Ses pensées proviennent des tendances du subconscient relatives aux désirs et aspirations. Les désirs ne sont pas seulement le fruit du conditionnement par le milieu biologique, familial et social. Les
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tendances personnelles, le caractère propre, tout ce qui se manifeste dans l'âme et dans le sang porte la trace, par l'hérédité, de ce qui vient des ancêtres et de la race.
S'y ajoute la trace des expériences que les personnalités qui se sont succédées dans le microcosme ont accumulées, expériences qui orientent fortement l'attitude du « porteur » actuel du microcosme.
Dès que le circuit de vie recommence, tout homme est absolument prisonnier de son type sanguin et de ses penchants. Son mental et sa volonté nourrissent ses désirs et cette partie du microcosme qu'on appelle « champ de respiration » (c'est par lui que nous inhalons les substances vitales subtiles que sont les éthers ou « prâna ») devient une véritable prison. Formée par le tourbillon malsain des pensées et des convoitises, cette prison, bien que subtile, maintient l'homme totalement assujetti (essayez, ne serait-ce qu'une minute, d'être libre de tout désir ou pensée ...)
Chez la plupart d'entre nous, la construction d'un monde intérieur à partir de tendances et de goûts que l'on s'efforce de satisfaire, d'idées cultivées à des degrés divers et que l'on essaie de réaliser, est poussée si loin qu'il est presque impossible d'y introduire quelque chose qui soit d'une autre nature. L'homme renforce lui-même les murs de sa prison, les décore selon ses goûts et s'enferme toujours plus dans un état conduisant à la dégénérescence spirituelle. L'homme n'est plus relié à l'Esprit. Car l'Ame, l'Ame originelle divine, l'intermédiaire entre le corps et l'Esprit, est totalement endormie en lui. C'est la princesse des légendes qui, dans le château, le microcosme, attend le prince, le Principe Royal, qui y ramènera la Vie.
Or la vie de l'homme dialectique n'est plus qu'un ensemble de pulsions, un souffle vital, la somme des influences qui parlent dans le sang. Son âme, mortelle, liée au sang, pourrait à nouveau jouer son rôle d'intermédiaire entre le corps et l'Esprit si une tout autre attitude de vie entraînait la destruction de sa prison et la résurgence d'une pensée totalement libre. C'est pourquoi l'initié Paul dit que l'homme « âme vivante » doit devenir un « Esprit vivifiant ».
L'activité humaine dépend d'une force dont le foyer est situé derrière l'os frontal, entre les arcades sourcilières. Ce foyer rayonne une certaine conscience dans le sang. Cette radiation de conscience est notre « âme », notre âme-sang, qui dirige le corps. La grande erreur de l'humanité est de considérer cette conscience, qui n'est que biologique, comme le seul esprit.
Elle ne connait plus la réalité, car le pouvoir de reconnaissance, l'Esprit originel, a été banni du système microcosmique humain.
« L'esprit biologique », la conscience biologique, n'est qu'un reflet de la Réalité Divine. Et c'est avec cet esprit biologique, cette conscience emprisonnée dans l'aspect dialectique, que les hommes essaient de réaliser ce qui, précisément, n'est pas de la dialectique mais du Monde divin originel, comme l'Harmonie, la Perfection, la Paix, l'Amour!
Par cette contradiction, ils sont immanquablement amenés, suivant les lois de ce monde, à se heurter aux irritantes limites et insuffisances imposées par la prison où ils se sont enfermés.
Cependant, à l'instant même de la reconnaissance profonde de cette limitation, de l'écroulement des illusions de la conscience dialectique, quelque chose de l'Autre Nature, de l'Esprit, qui immuablement est, peut surgir et illuminer l'être entier.
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