le courage d'accéder
à la connaissance
La pensée est un instrument puissant. Qui réfléchit vraiment peut connaître le monde, se connaître soi-même ainsi que son origine divine afin de parvenir à une pensée libératrice.
Thoughts no border no I,Tom Hackney

La pensée est libre, beaucoup le croient, ou voudraient y croire. L'importance de la pensée est indéniable parce que, depuis le siècle des Lumières, les hommes, selon Kant, ont appris à se servir de leur intelligence sans l'aide de personne. Sapere aude veut dire : oser avoir de l'intelligence, c'est-à-dire : ayez à coeur d'accéder au savoir — et donc aussi de penser. Et puisque les conceptions du savoir ésotérique ont trait à tous les plans de la vie, tâchons de penser positivement et sainement. Ceux qui reconnaissent que leur
problème est l'égoïsme, qu'ils s'efforcent en consé-quence de penser aux autres. Cela signifie qu'en¬tre autres, nous devons devenir progressivement conscients du pouvoir de la pensée.
SIGNIFICATION DE LA PENSÉE Quelle signification a la pensée à la lumière de l'enseignement univer¬sel ? La pensée était l'instrument de l'homme ori¬ginel qui lui permettait de considérer l'Idée divine. L'homme en tant que penseur devrait obtenir peu à peu la connaissance de la nature, de lui-même
et de Dieu — il devrait pénétrer cette puissante matrice, ou Idée originelle, qui est à l'origine de la création et de sa propre existence ; et dans la même mesure collaborer en tant que créateur et constructeur avec la nature divine.
« Homme, connais-toi toi-même », est l'injonction que le touriste, à Delphe, voit inscrite à l'entrée du temple d'Apollon qui date de l'ancienne Grèce ; et il se sent appeler à faire de même. Il y est dit en¬suite : « Qui se connaît soi-même connaît la nature et les dieux, » c'est-à-dire l'univers. Il n'est pas ici question de la connaissance du monde matérielle
mais de celle de l'âme et de l'esprit. Nous avons donc pour tâche de reconnaître que nous sommes issus d'un monde qui a chuté, et de considérer l'homme originel en tant que but à atteindre. Ce¬lui qui sait qu'il a en lui des aspects très supérieurs doit donc s'orienter librement dans cette direction.
DES TRACES DE LIBRE PENSÉE Des traces de libre pensée apparaissent dans l'histoire de l'humanité. Toutes les fraternités gnostiques reconnaissent l'importance d'une réalité supérieure. Dès le début, le christianisme a donné à l'humanité la possi¬bilité de renouveler l'âme en libérant la pensée. Christ ne demande pas seulement la foi mais aussi l'amour. Il fait de son mieux pour que l'homme
le comprenne et puisse le suivre véritablement. Cela commence par la foi : « Car maintenant nous voyons comme dans un miroir, de manière obscu¬re, mais alors nous verrons face à face. Aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour ; mais la plus grande c'est l'amour. » (1Cor. 13,12-14) La foi est l'attouchement du coeur. L'espérance est le commencement de la nouvelle pensée : la nou¬velle conscience qui, sur le chemin, perçoit la « bonne fin » qui est l'abandon total de soi au Christ en nous. Enfin l'amour est ne plus faire qu'un
avec Christ. Mais dans l'existence, les puissances directrices font constamment obstacle et luttent contre la liberté de penser. Celle-ci nous mène à la conscience de l'éternité, puis à la libération de no¬tre emprisonnement dans la matière. Les Cathares, qui oeuvraient en Occitanie à la fin du Moyen Age,
La présouvenance finit par mener le chercheur à l'idée
que le « moi » n'est pas du tout essentiel.
A cette pensée la tête et le coeur s'apaisent
créèrent une pure atmosphère dans laquelle leurs élèves avaient l'intuition de la naissance de l'âme nouvelle qu'ils pouvaient éprouver en s'y donnant tout entier. Ici le principal est de s'immerger dans les forces nouvelles incorruptibles qui font naître une tout autre conscience, une conscience qui donne à l'homme-âme la possibilité de s'exprimer.
LA PENSÉE COLLECTIVE La pensée collective s'oppose fortement à la liberté de la pensée indi-viduelle. La pensée collective habite tous les êtres humains et vit dans leur conscience. Il s'agit d'un champ de force mondial qui, dans l'espace-temps, ne saurait avoir aucune notion d'éternité. Com¬me l'histoire le montre, une grande opposition
se manifeste à l'apparition d'une nouvelle idée, même une idée tout à fait terrestre. Les nouvelles conceptions sont longtemps combattues avant de tomber dans le domaine public. Mais, le temps que la pensée collective les admette, elles se sont
évidemment déjà concrétisées. En ce qui concerne le concept d'éternité, il n'y a encore qu'une petite partie de ces idées particulières qui ont pénétré dans le public au point d'être très connues. Ce qui est en général accepté est toujours lié à la réalité de l'espace-temps. Les fêtes chrétiennes comme celle de Noël et de Pâques, par exemple, ont une
origine très profonde et ont plusieurs significations que l'on a oubliées. Dans le cercle familial on en perçoit parfois la force originelle, mais peu de per-sonnes en ont encore la conscience.
DOGMES ET IDÉOLOGIES Le vingtième siècle a vu fleurir bien des dogmes et des idéologies. Socia-
lisme, communisme, capitalisme et fondamenta-lisme des religions mondiales ont attiré des foules de gens. Ces systèmes n'ont pas disparu de la scène du monde mais leur emprise semble diminuer.
La fin des idéologies rendra-t-elle libre la voie des idées nouvelles ? En Occident, la libre pensée n'a manifestement rien apporté. Pour remplacer la contrainte de la pensée unique imposée par
les autorités, de subtiles méthodes sont mainte¬nant appliquées. Il fut un temps où la propagande encourageait la pensée négative. Par ailleurs, la publicité et ses méthodes entretiennent envies et convoitises. Ce sont des phénomènes normaux dans le monde de la dualité où amis et ennemis s'attireront et se repousseront toujours. Qui veut accéder à une toute nouvelle libre pensée doit s'efforcer de renoncer à ces liaisons des aspects contraires.
LA PENSÉE ÉSOTÉRIQUE Ce n'est .pas seulement les psychologues qui comprennent que ce sont les pensées qui déterminent notre perception du monde et du bien commun. Les personnes s'inté-ressant à l'ésotérisme entrevoient mieux la signi-fication de la pensée. La pensée éclaire le corps astral et stimule les désirs, avec pour résultat une concentration correspondante des forces vitales poussant à l'action. Cette compréhension nous fait souhaiter de penser sainement. Nous tâchons alors de renoncer aux vieilles idées bien établies
et de ne pas nier tout espoir. Nous nous efforçons de rompre le circuit des expériences négatives qui se répètent inlassablement. Mais nous oublions systématiquement que nos pensées conscientes ne
représentent que le sommet de l'iceberg et que c'est principalement l'inconscient qui nous dirige.
Il en est de même de nos pensées soi-disant posi¬tives : on peut se décider à réfléchir à des choses positives qui vont nous inspirer des envies. Mais qui est conscient de la bassesse des courants que peuvent faire déferler les pensées positives ? Et qui sait si ce qui est pour nous positif n'aura pas des conséquences négatives ? Car nos pensées ne font pas bouger que nous. Nos pensées traversent notre champ de vie tout entier à la recherche d'un écho, d'une réponse. Et, inéluctablement, la réponse revient à l'auteur des pensées suivant son état. Dans certaines circonstances elles reviennent en ne correspondant pas du tout aux voeux et pensées conscientes de leur auteur.
LE COURAGE D'ACCÉDER À LA CONNAISSANCE
Tout cela nous apprend qu'en nous comme dans le monde, le bien et le mal sont indissociablement liés. Il nous faut pourtant toujours penser, désirer et agir. Nos expériences du bien auquel nous aspi¬rons, ont pour conséquences, dans le meilleur des cas, de nous faire découvrir nos limites. Connaître vraiment ! Franchir la porte par laquelle passent ceux qui acceptent peu à peu ce nouveau savoir : la conscience de l'homme divin au plus profond d'eux-mêmes.
Nous y arriverons si oeuvre en nous le souvenir de l'étincelle d'Esprit de notre être véritable. Ce sou-venir primordial nous procure la connaissance de nous-mêmes, nous comprenons que notre « moi n'est pas notre vraie nature, notre nature essen¬tielle. A cette pensée, la tête et le coeur s'apaisent. Ils passent par le point zéro et opèrent un revire¬ment. Nous qui étions axés sur notre « moi », nous nous sentions démasquer par toutes nos limites, ce qui nous a incité à nous retourner pour faire intérieurement un petit pas vers le « tout autre » qui nous approche. Alors le coeur s'enflamme et la tête s'éclaire. Une âme nouvelle s'éveille douée d'une libre pensée tout à fait différente, une pen¬sée orientée sur le rétablissement du microcosme divin en nous. En même temps elle nous permet de suivre d'autres voies dans le monde grâce à une conscience supérieure. Puis nous pouvons trans¬mettre la flamme de ces pensées nouvelles à ceux qui s'y montrent réceptifs.
Image: Paysage, 27 juillet 2008, Jerry Högnäs
Source : Pentagramme 2009 N°3