Attâr, Le livre divin, Poète mystique persan
(XIIe et XIIIe siècles)
* Un jour, un novice se présenta pour recevoir l'enseignement d'un maître soufi. "Il te faut d'abord trouver la réponse à une question", lui dit l'un des disciples. "Si tu y parviens, le maître t'acceptera comme élève dans trois ans". La question lui fût posée et l'élève s'acharna jusqu'à ce qu'il eût trouvé la réponse. Le disciple du maître porta la réponse au soufi et revint avec ce message : "ta réponse est correcte. Tu peux t'en aller et attendre que les mille et un jours soient écoulés ; ensuite, tu pourras revenir ici pour recevoir l'Enseignement". Le novice était ravi. Après avoir remercié le messager, il lui demanda : "et que serait-il arrivé si je n'avais pas su fournir la bonne réponse ? - "Oh, dans ce cas, tu aurais été admis immédiatement !".
* Cheminant un jour en un lieu solitaire, le roi Salomon rencontra une fourmilière. Aussitôt, toutes les fourmis vinrent par milliers le saluer. Une seule l'ignora, occupée à emporter, grain par grain, l'énorme monticule de sable devant elle. Le roi Salomon la fit appeler et dit : "Ô petite fourmi, même avec la longévité de Noé et la patience de Job, jamais tu ne pourras faire disparaître cette montagne de sable !". "Ô grand roi", répondit la fourmi, "ne t'arrête pas à ma taille... mais regarde plutôt mon ardeur. Derrière ce monticule est ma bien-aimée. Rien ne m'arrêtera pour l'effacer. Et si je dois perdre la vie, au moins je mourrai dans l'espoir de la rejoindre. Ô roi, apprends d'une fourmi ce qu'est la force de l'amour, apprends d'un aveugle le secret de la vision...".
* Jamais je ne m'étais plaint de l'adversité ; jamais je ne m'étais troublé devant les nombreux soucis qui m'assaillaient... jusqu'au jour où je me trouvai pieds-nus et sans argent pour m'acheter des babouches. J'entrai contrarié dans la Mosquée de Kufa afin d'apaiser la douleur de mon coeur par la prière. Et là, je vis un homme qui n'avait pas de pieds. Alors, je rendis grâce à Dieu et pris mon manque de souliers en patience.
* Ton image est dans mon oeil, Ton invocation sur mes lèvres, Ta demeure dans mon coeur... Où donc peux-Tu être absent ?
Source:
http://artista.vox.com/