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Les mythes gnostiques
Les mythes gnostiques
Pour étudier la signification de la notion de « gnose », il faut se demander d'où vient la sagesse originelle des écoles des Mystères. Certains biologistes situent volontiers l'origine de la vie sur une autre planète, mais cela ne fait que déplacer cette origine sans l'expliquer. Il en va de même pour l'origine de la Gnose. Les expériences gnostiques concernent la relation individuelle et directe avec Dieu, relation qui s'est perdue. Ces expériences sont intemporelles, sans développement historique, sans modèle culturel. Ce ne sont pas des spéculations ou des découvertes arbitraires. Elles nous parlent de l'être humain véritable et du monde réel d'où homme intérieur est originaire. Et, ce qui est spécifique de la Gnose, elles nous enseignent qu' il faut vivre le chemin de retour à ce monde originel.
Un processus vécu par l'âme
Il s'agit ici de la Vérité universelle qui, hier comme aujourd'hui, se révèle aux instructeurs et aux élèves de la Gnose. Elle s'est révélée à Jésus le Christ, qui l'a enseignée publiquement, et dont les expériences sont confirmées par les gnostiques. Beaucoup furent ses élèves, d'autres, des disciples ultérieurs, mais tous ont témoigné de la même chose parce qu' ils ont vécu le même processus dans leur âme.
Ainsi peut-on dire qu' il est certain que la Gnose se révèle à des moments psychologiques de l'évolution de l' humanité. Lorsque celle-ci est mûre pour recevoir cette connaissance directe, des instructeurs apparaissent et c'est le cas aujourd'hui où beaucoup de chercheurs ont la possibilité de trouver, en eux-mêmes, la liaison avec la Gnose.
Les mythes gnostiques s'adressent au principe de Lumière plus ou moins latent dans le chercheur, et sont susceptibles de l'enflammer dans la Gnose.
L'aiguillon de la recherche ne laisse à l' homme assoiffé de connaissance aucun instant de repos. Un écrit gnostique chré-tien exprime ainsi cette inquiétude: Qui étions-nous ? Qu'est-il advenu de nous? Où étions-nous? Où avons-nous été rejetés? Vers où courons-nous? De quoi sommes-nous libérés?'
Chaque époque forge ses propres mythes: récits concernant les dieux, les héros nationaux, les génies, les idoles du temps. Mais un mythe gnostique répond à des conditions très spéciales. Il n'y est nullement question d'événements survenus à une certaine date et dans un certain lieu, expliquant le monde et l' homme selon les vues de l'époque. Les questions auxquelles il répond ont trait à la connaissance de la Vérité absolue. Elles viennent du tréfonds de l'âme humaine et expriment sa recherche: une quête qui ne dépend pas de l'espace et du temps.
Il s'agit ici du destin de l'âme qui, d'origine éternelle et divine, a été précipitée dans la prison de ce bas-monde, et qui, connaissant son origine, cherche une issue, cherche le chemin de sa libération. Les mythes gnostiques ont toujours existé. Et quoique les images et le langage qu'ils emploient soient adaptés à telle ou telle époque, ils partent d'un fondement éternel immuable. Le gnostique connaît et sert la vraie connaissance. Le message des mythes gnostiques est donc connaissance, terme qu'exprime le mot grec «gnosis ». Mais à quoi se rapporte cette connaissance ?
Un chemin de révélation intérieure
La connaissance gnostique n'est pas une théorie mais une expérience intérieure de Dieu. C'est donc une connaissance directe. Cette révélation a lieu quand l'évolution de l'âme est arrivée à son plus haut point et qu'elle ne lutte plus que pour obtenir la connaissance absolue. Recevoir la connaissance est donc toujours le point de départ et le but de la recherche. Nous recevons la Gnose au moment où notre âme désespère de l'existence terrestre, perçoit sa profonde ignorance et la contrainte de sa prison. L'âme se détache alors de ses chimères et de l' illusion de la vie terrestre. Dès lors la Lumière peut se manifester en elle, éclairer son état intérieur et lui montrer ce qu'elle cherchait. La Lumière descend en elle très profondément et l'élève à un niveau de vie supérieur.
Dans « Apocryphon » de Jean, ce fait est décrit de façon aussi expressive qu'impressionnante. Jean est le chercheur. Il veut connaître le Père. C'est un élève des Mystères qui, poussé par le principe de Lumière enfoui dans son coeur, est en chemin vers le Temple. Là, un pharisien le salue par ces mots: «Où est le maître dont tu es le disciple ? » et ajoute qu'il est victime d'une imposture qui le détourne du vrai chemin. Quand Jean entend ces paroles, il quitte le Temple et va sur la montagne dans un lieu solitaire.
Jean est confronté au vide et à la dureté du monde extérieur. Cette rencontre révèle l'état intérieur de son âme. Ses représentations personnelles de la vérité l'entraînent jusqu'àune limite, et il est saisi par le doute de lui-même. Il voit son manque de connaissance authentique et se sent dans une profonde obscurité. C'est là ce que représente «le lieu solitaire» dont parle l'Apocryphon. Dans cette obscurité, ses images de la vérité disparaissent complètement..
Que sait-il personnellement du Sauveur? Rien ne lui en est encore perceptible, et il se demande tristement: Pourquoi le Sauveur a-t-il dû venir sur terre ? Pourquoi a-t-il été envoyé dans le monde par son Père ? Et qui est ce Père qui l'a envoyé ? Et de quelle nature est l'Eon vers lequel nous allons? Car il nous a bien dit: l'Eon vers lequel nous allons a pris la forme de l'Eon impérissable, mais il ne nous a pas éclairés sur lui. Il ne nous a pas dit à quoi il ressemblait.
Le lieu solitaire où séjourne Jean symbolise l'expérience du non-être absolu de la personnalité terrestre. Et Jean est ici le symbole de l' individu qui n'a plus aucune illusion terrestre. De ce fait son âme devenue libre se tourne vers la montagne. Elle s'oriente sur l' Esprit, représenté ici par la montagne. C'est à ce moment que le Sauveur se manifeste dans l'âme de Jean. La Lumière de Esprit le conduit hors de la vallée du doute et lui fait franchir la frontière en direction de la Vérité. Le Sauveur se présente comme l' image spirituelle de l' Homme parfait, sous un triple aspect: enfant, vieillard, jeune homme. Jean reconnaît ces aspects et voit comment ils changent continuellement, comment l'enfant devient un vieillard, ensuite un jeune homme, puis de nouveau un enfant Il apprend à connaître l'unité de ces trois aspects: C'était une unité, revêtant différentes formes dans la Lumière, qui se tenait devant moi, et les formes se manifestaient au travers les unes des autres.
Jean reçoit la connaissance en liaison directe avec la Lumière, unité qui embrasse le connaissant (Jean), l'objet de la connaissance (l'être de Dieu) et le moyen d'acquérir cette connaissance (la Lumière). La Lumière vient en lui à la vie sous l'aspect du Sauveur et lui explique la Vérité.
Les mythes gnostiques christiques
L'enfant est le Fils qui renouvelle son âme, le Christ sauveur. Le vieillard est le principe de vie et de sagesse du Père. Et le jeune homme est l'Amour secourable et consolateur de l' Esprit Saint. Le principe de Lumière intérieur dévoile progressivement la Vérité reçue. Jean connaît maintenant le monde divin, la chute de l'Ame-Esprit, la naissance du cosmos terrestre, mais aussi le destin de l'âme humaine et le chemin de libération qui lui est proposé. Les mythes gnostiques servent à transmettre aux chercheurs des expériences comparables à celles de Jean. Il s'agit ici de processus touchant l'âme et l'esprit, processus qui demeurent fermés au raisonnement intellectuel et dont on peut arriver à une certaine compréhension grâce aux symboles.
Comme tous les récits mythiques, les mythes gnostiques font appel à l' imagination. Leur caractéristique est de transmettre des connaissances dans divers domaines, connaissances révélées par l' Esprit de Dieu. Les mythes s'adressent au principe de Lumière plus ou moins actif en l'homme et sont susceptibles de l'ouvrir à la Gnose. C'est alors le Sauveur lui-même qui agit en lui et pallie le manque de connaissance en rétablissant la liaison originelle. Les mythes gnostiques, en tant que moyens, répondent au but de la Gnose, car il s'agit toujours, dans ces récits, du fait que l'âme tombée manque de la véritable sagesse capable de supprimer les effets de la chute. Dans les écrits trouvés à Nag-Hammadi, par exemple, ces aspects sont clairement développés.
Etant donné que les narrateurs n'étaient pas liés à l' Eglise à ses dogmes, leurs récits sont bien le fruit de leur libre pensée. Ils empruntaient leurs matériaux aux diverses tendan religieuses et culturelles (grecques, juives, iraniennes, chrétiennes), puis édifiaient une structure conforme, autant que possible, aux représentations de l'époque. Au coeur d'un tel mythe, il y a toujours la Vérité unique, universelle et divine, libre de tous dogmes et traditions. En fait, il s'agit d'un seul grand mythe gnostique, aux formes et variantes toujours nou¬velles, destiné à toucher l'étincelle de Lumière dans les êtres humains. De nombreux écrits gnostiques mettent certains textes de l'Ancien Testament dans un éclairage nouveau et révolutionnaire.
Le Dieu invisible
Le monde terrestre, disent ces récits de la création, n'est pas l'oeuvre du Dieu suprême, mais d'un être tombé d'un ordre inférieur. Les gnostiques l'appellent le créateur du monde (en grec: le démiurge) et par là ils entendent le Dieu créateur des Juifs (Genèse 2, 4-17). Ils affirment que ce Dieu n'est pas identique au Dieu qui créa l' Esprit et les êtres spirituels (Genèse 1, 2-3). Le démiurge a été lui-même créé par suite d' une erreur. La création terrestre entière et ses entités furent par lui appelées à la vie en conséquence de cette erreur, et sont apparues dans un monde d' ignorance et de ténèbres.
Les hommes dans l'état de la chute ne connaissent pas le vrai Dieu originel. Les gnostiques décrivent celui-ci en le dotant de toutes sortes d'attributs montrant ce qu'il n'est pas. Les normes et représentations terrestres ne peuvent pas s'appliquer à lui.
Les gnostiques parlent d'un Dieu de Lumière et d'Amour inconcevable, inexprimable,
Date de création : 24/08/2009 • 09:55
Dernière modification : 24/08/2009 • 09:55
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