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La transformation du monde
Ervin Lazlo, le fondateur du Club de Budapest, est a Ia tête de la « Globalshift Université » (l'université de la Transformation globale) (www.globalshiftu.org). II est l’auteur de plus de quatre cents articles et de quatre-vingts livres, dont les plus récents sont Het Akasha veld (2007) et Quantum shift in the Global Brains (2008), (Le Monde de I'Akasha, et Transformation quantique globale des cerveaux). Dans sa contribution au Pentagramme, it traite des questions de fond concernant les futures modifications de Ia conscience : Lesquelles ? Quand? Pourquoi? Comment?
QUELLE EST LA QUESTION ?
Si Hamlet vivait notre époque, ne s'écrierait-il pas avec plus de conviction que jamais : « Etre ou ne pas être, voila la question » ? Mais ce ne serait pas en contemplant un crane humain mais bien la terre vivante. Pouvons-nous continuer d'exister sur cette planete, ou sommes-nous menaces de disparition comme les dinosaures ? Nous nous rapprochons d'un important tournant, un point on le monde doit changer : notre survivance est en danger.
Le possible anéantissement de la planète nous préoccupe. La production des ressources physiques et biologiques essentielles atteint son maximum. Les espèces animales des bois et des eaux disparaissent peu à peu, et les récifs de corail sont serieusement endommagés. Le sol s'épuise en raison de la trop grande quantité des cultures et de l'emploi de produits chimiques. Les manipulations génétiques diminuent la bio-diversité. Les réserves d'eau potable s'amenuisent ; plus de la moitié de la population mondiale affronte une pénurie d'eau. Et le changement climatique menace de rendre une grande partie de la planete inapte à produire nourriture et habitat.
L'anéantissernent des structures sociales nous préoccupe. Tant dans les pays pauvres que dans les pays riches reigne une insécurité croissante, et la tendance au terrorisme et à la guerre ne fait qu'augmenter. Le fondamentalisme musulman s'etend dans tout le Moyen-Orient ; en Amerique grandit le fanatisme religieux, et en Europe le néo-nazisme et autres groupes extrémistes relèvent la tête. La distance s'agrandit entre les riches et les puissants d'un côté, et les marginaux et les pauvres de l'autre. Quatre-vingt pour cent de la production mondiale de la terre profite à un milliard d'hom¬mes, tandis que cinq milliards et demi se partagent les vingt pour cent restants. Un citadin sur trois vit dans des quartiers pauvres et guettos urbains, environ neuf cent millions vivent dans des bidonvilles. Le changement du climat fera subir sécheresses, ouragans, mauvaises récoltes, élévations du niveau des océans. La faim et les frustrations accroîtront le terrorisme et les guerres.
L'équilibre délicat de notre dépendance mutuelle dans ce monde sera sérieusement perturbé. Dans l'effondrement mondial qui suivra, aucun pays ni aucune population ne seront épargnés.
« Etre ou ne pas être, voila la question. » Si nous voulons « être », et demeurer sur cette planete, nous faut changer. Mais changerons-nous à temps ?
POURQUOI DEVONS-NOUS CHANGER ?
Pour changer à temps, nous devons connaître la nature de la conjoncture présente, et pourquoi elle est insoutenable. Cette notion n'est apparue que depuis une cinquantaine d'années bien qu'elle ne soit pas nouvelle. A la fin du dix-huitième siècle, Thomas Malthus publie son célèbre traité sur le rapport entre population et nourriture. Premièrement, il établit que la nourriture est nécessaire pour la survie des hommes, et deuxièmement que ceux-ci doivent continuer à en produire comme ils l'ont toujours fait. Il établit qu'un temps viendra inéluctablement ou l'augmentation de la population sera plus élevée que ne sera possible l'augmentation de la production de nourriture.
La « catastrophe malthusienne » est une version simplifiée du point où nous allons arriver. En outre, la question n'est plus seulement celle de la production de nourriture mais celle de toutes les bases de la vie sur la planète. Le problème n'est pas seulement celui de l'augmentation de la population, mais surtout celui de la quantité de matière consommée par personne, et de la proportion dont cela charge l'environnement. En soixante ans, depuis la Deuxième Guerre mondiale, nous avons consommé plus de matières premières et de produits biologiques que dans toute la période antérieure de notre histoire. Et nous produisons plus de déchets que la nature ne peut en régénérer. Voilà quelle est la situation insoutenable. Nous connaissons, par exemple, la quantité de nourriture nécessaire par personne : elle correspond au rendement d'un terrain de 1,7 ha.
Mais la moyenne écologique est aujourd'hui de 2,8 ha (et elle serait encore beaucoup plus élevée si on tenait compte des pays les plus pauvres qui ont des moyennes bien plus faibles. Au Bangladesh, par exemple, elle est de 0,5 ha par personne). Evidemment, la nourriture ne représente qu'un des besoins fondamentaux nécessaires pour vivre et pour se développer ; mais nous consommons infiniment trop et ce faisant nous épuisons nos réserves.
Que se passera-t-il quand nous atteindrons les limites des ressources disponibles ?
Au laboratoire, quand les bactéries finissent par épuiser les substances dont elles se nourrissent, elles meurent ; quand mes souris arrivent à la fin de leur provision, elles deviennent stériles ; et les lemmings, dans ce cas, procèdent à un suicide collectif. Néanmoins, lorsqu'une espie au niveau de conscience élevé comme l'homme se retrouve à la limite de ses ressources, elle ne meurt pas, ni ne devient stérile ou se suicide, il lui est possible de transformer sa conscience afin de considérer le monde d'une autre manière, de se trouver de nouvelles valeurs et d'établir de nouvelles priorités. Elle a la capacité de découvrir le moyen de survivre.
MAIS COMMENT POUVONS-NOUS CHANGER ?
Gandhi affirmait : « Il faut incarner vous-même le changement que vous voulez voir dans ce monde ». Aujourd'hui cela signifie changer votre conscience afin que la conscience des autres change également. Comment faire ? Pour commencer, renoncez à votre ancienne conscience et aux convictions qui la fondent.
Posez-vous les questions suivantes. Croyez-vous :
- que chacun est unique et qu'il est juste que chacun s'occupe de ses intérêts personnels ?
- qu'il faut lutter pour vivre, donc que seuls les plus forts survivront (et les plus forts sont-ils les plus riches ou les plus puissants
- que dans la lutte que représente la concurrence, le but justifie les moyens
- que plus vous avez de l'argent, plus vous êtes à l'aise et qu'il est probable que vous ayez plus de chance
- qu'il faut être honnête uniquement envers son pays ou l'établissement où l'on travaille, parce que « les autres » ne sont que des États étrangers ou des organisations concurrentes
- que si nous voulons la paix, il faut préparer la guerre
- que la technologie et l'efficacité constituent la seule réponse quelle que soit la question qu'à tous les points de vue, les ressources de la terre sont inépuisables et que la terre est aussi un cloaque où nous pouvons jeter nos déchets sans limite
- qu'il est possible d'organiser notre société comme un supermarché, une autoroute ou un village, pour satisfaire nos exigences et répondre à nos besoins - Si vous avez de telles convictions, vous faites partie du problème. Alors comment allez-vous participer à sa résolution Maintenant il faut faire le pas suivant : penser de façon nouvelle. Cela n'est ni utopique ni sans précédent. Du côté social et créatif, des phénomènes surgissent : des millions de personnes sont en train de changer leur manière de penser et d'agir comme nombre de « cultures alternatives ». Elles partagent deux notions très importantes : la première est que la vieille sentence : « Nous ne faisons tous qu'un », est une pensée qui, loin d'être fantaisiste, est enracinée dans la réalité. Williams James avait raison quand il disait que nous étions comme des îles dans un océan, séparées à la surface mais reliées les unes aux autres dans les profondeurs. La deuxième notion concerne notre responsabilité. Si nous ne faisons qu'un les uns avec les autres et avec la nature, nous ne sommes pas seulement responsables de nous- mêmes, de notre famille, ou de notre travail. Nos responsabilités s'étendent à la société humaine tout entière et à la biosphère. Ici la vie n'est pas une entreprise de bienfaisance. Si nous faisons partie de l'humanité et que l'humanité fait partie de la vie sur la planète, alors ce que nous faisons à autrui et à la nature, nous le faisons aussi à nous-mêmes.
Si nous sommes capables de renoncer à nos convictions désuètes et partir de nouvelles notions, notre conscience change en même temps que nous-mêmes. Une telle métamorphose, en cette époque critique et instable, peut être comparée au petit papillon qui fait naître une tempête, laquelle, en se propageant, finit pas changer le monde.
A QUEL MOMENT CHANGER ?
Si vous vous écriez que c'est une goutte qui fait déborder le vase, vous exprimez un principe fondamental généralement méconnu. C'est le principe de « non linéarité ». Vous pouvez faire couler de l'eau dans un récipient jusqu'à ce que la dernière goutte le fasse déborder. Cela arrive très soudainement. Ce processus est continu, sans coupure, « linéaire », mais brusquement il devient non « linéaire ».
Voilà ce qui se passe dans la nature. Il peut y avoir tout d'un coup un changement dans l'environne¬ment affectant les êtres vivants d'une certaine espèce. Si les changements s'accumulent, la tension atteint un point critique et l'espèce meurt, à moins qu'il y ait mutation. Dans les systèmes relativement simples,des points critiques successifs mènent àl'effondrement, à la désintégration. Dans les systèmes complexes, ces points critiques sont autant de brusques tournants : alors, ou le système sombre, ou il résiste et surmonte les difficultés.
En 1989, un groupe de réfugiés d'Allemagne de l'Est obtint la permission de traverser le Rideau de Fer pour se rendre en Autriche. Cela suscita un petit choc mais si critique qu'il ébranla le système. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. En quelques semaines, les pays communistes de l'Europe de l'Est se détachèrent de l'Union Soviétique et un an plus tard, celle-ci cessait d'exister. Le parti soviétique, à l'époque le plus fort parti du monde, en perdit non seulement sa puissance mais aussi l'existence ; et les États qui constituaient l'Union Soviétique, après une période chaotique où ils semblaient s'effondrer, se trouvèrent en mesure de se transformer en sociétés un peu plus ouvertes.
Depuis dix mille ans beaucoup de civilisations et de populations ont connu de brusques tournants critiques tandis que des cultures arrivées au sommet ont disparu. En voici des exemples : Babylone, Sumer, l'Atlantide et la civilisation des Mayas.
Mais d'autres surent relever le défi, elles se transformèrent et survécurent. D'après l'histoire, il semble que de telles métamorphoses furent souvent radicales. Les populations de l'âge de pierre vivaient dans un monde mythique ; elles communiquaient avec les arbres, les animaux et les esprits des ancêtres. Les êtres se considéraient comme faisant partie d'un mystérieux cosmos vivant et plein de significations. Il y a des milliers d'années, le monde s'était transformé et ils y régnaient des civilisations théocratiques : dans l'Égypte, Babylone, la Chine et l'Inde. Les lois immuables des dieux gouvernaient l'existence humaine comme l'établit Hermès Trismégiste en affirmant : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ». Il y a deux mille cinq cents ans apparut, sur les bords nord de la Méditerranée, une civilisation tout autre, où la raison prit la place des croyances dont elle avait héritées : ce fut la civilisation de la Grèce classique La civilisation occidentale généra, à l'aube des temps modernes, une nouvelle mutation culturelle Cette nouvelle culture reprit des éléments antérieurs, mais elle s'édifia principalement sur la foi des Grecs en la puissance de la raison.
Soutenue par les observations et les théories de Galilée, de Newton et de Copernic, s'y développa une image du monde matérialiste et mécanique.
une transformation du monde et de ses habitants est possible
La physique classique de Newton transforma les pratiques artisanales traditionnelles en donnant naissance à une longue série de techniques révolutionnaires.
Aujourd'hui, cependant, au siècle des informations, des communications, de la dépendance mutuelle et de la dégénérescence mondiale de l'environne¬ment, cette image mécanique-matérialiste est dépassée et fait l'effet contraire. Les sciences ont depuis longtemps délaissé cette image, cependant les techniques qui en sont le résultat et les attitudes qu'elles ont dictées sont toujours présentes. Un grand nombre de ces techniques tirent de lourdes traites sur l'environnement tout en manipulant les humains. Elles produisent plus de chaleur que de lumière et génèrent plus de préjudices que d'avantages. La civilisation qui domine dans le monde d'aujourd'hui ne peut pas durer ; et si elle ne veut pas s'écrouler elle doit se transformer.
Le « saut quantique » relatif à la condition humaine correspond à la recherche d'une nouvelle civilisation ayant la capacité de faire vivre dignement six milliards et demi de personnes, en harmonie les unes avec les autres et avec la nature. Une telle transformation du monde est possible ! Nous possédons l'intelligence, la technologie, les ressources humaines et financières nécessaires.
Une telle transformation du monde est absolument obligatoire et il reste peu de temps pour la faire. Les processus et tendances qui nous entraînent dans un tournant critique s'accélèrent. Les prévisions ont plusieurs fois avancé la date de ce tournant décisif, elles l'ont fait passer de la fin de ce siècle au milieu, puis maintenant dans les dix années qui viennent.
C'est ainsi que le point critique mondial, dit-on, doit arriver en 2012. Telle est la date prévue du tournant que l'humanité doit savoir prendre pour survivre sur cette planète. Il est certain que cela va se jouer aux dépens de la vie de la plupart d'entre nous. Si c'est le cas, il nous faut maintenant agir pour nous assurer contre toutes ces menaces d'anéantissement, et finir par accéder au monde immuable où règne la paix.
En savoir plus:
l'université de la Transformation globale
http://www.globalshiftu.org
Wikipédia: Holisme
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thodologie...
Wikipedia: Gaïa
http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_Gaia
Date de création : 24/08/2009 • 09:48
Dernière modification : 24/08/2009 • 09:48
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