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Gnose et idéologies modernes
L'homme projette à l'extérieur le perfectionnement de son être en établissant de nouvelles structures sociales sans vouloir changer lui-même fondamentalement.
Beaucoup ont tendance à mettre en rapport la « Gnose » et l' idéologie de certains mouvements politiques comme le fascisme ou le communisme. C'est le fait d'une terrible erreur à laquelle sont sujets de nombreux théoriciens de la science politique. D'où vient pareille méprise ?
La Gnose est Connaissance, au sens d'un développement de la conscience. Le gnostique est quelqu'un qui, animé d'un désir libérateur, est devenu conscient que le monde de Esprit est caché au plus profond de son être. La condition pour parvenir à cette conscience est de renoncer à l'égocen-trisme, de le surmonter. L'égocentrisme agit sur deux plans: sur celui de la personnalité naturellement consciente, et sur celui du subconscient, où les forces peuvent agir avec tant de violence qu'elles suppriment toute autonomie du jugement et des actes.
Le développement de la conscience gnostique pose des conditions
Il y a conscience du monde spirituel et accomplissement du désir d'union avec Dieu uniquement si l'on échappe aux instincts égocentriques de la personnalité naturelle. Mais il faut aussi faire disparaître les tendances qui agissent dans l' inconscient, tendances qui perturbent l'autonomie: mégalomanie, déification du moi, désir de puissance, griseries, exaltation et idées chimériques qui sévissent, par exemple, dans les états psychotiques.
De telles tendances ne peuvent être vraiment surmontées que grâce aux forces du monde spirituel. C'est pourquoi la Gnose n'est pas seulement un développement de la cons-cience du monde spirituel dans le désir de s'y unir, mais aussi la condition même de ce développement: triompher de l'égocentrisme qui apparaît comme une idolâtrie paranoïde de sa propre personne.
Il peut arriver que, dans le désir de s'unir à l' Esprit, l'on néglige la condition du rejet de l'égocentrisme et que l'on veuille pénétrer dans le monde de l' Esprit avec son moi tellement limité. Il peut arriver aussi que l'on renonce à son moi limité, mais alors au profit des forces de l' inconscient. Dans ce cas les puissantes forces de l'inconscient se substituent au monde de l' Esprit. Ainsi l'on tombe sous l'emprise des ten¬dances à la déification personnelle, à l'exaltation, aux illusions, tout en croyant être entré dans le monde de l' Esprit. Or rien n'est moins vrai.
Une autre condition du développement de la conscience du monde de l' Esprit est la Connaissance qu'il a nécessaire¬ment ses propres lois. Le monde des sens et le monde des forces de l' inconscient sont soumis à d'autres lois et ne peu¬vent donc jamais participer au monde de l' Esprit ou lui être comparables. Ils peuvent tout au plus en être un reflet. Si le monde de l' Esprit prenait intérieurement forme dans les hommes, alors les hommes pourraient donner au monde extérieur une forme concordant avec leur monde intérieur.
Beaucoup de personnes cependant, très désireuses de s'unir au monde de l'Esprit, négligent cette exigence essen-tielle: que cette union doive prendre forme en eux. Dans leur impatience, elles projettent les lois du monde de l' Esprit sur le monde extérieur en s'efforçant de les plier à leur convenance.
Fondement des idéologies politiques
Les deux fondements des idéologies politiques sont, premièrement: confondre la mégalomanie et la déification personnelle avec le monde de l' Esprit; deuxièmement: projeter le désir du monde de 1' Esprit sur le monde extérieur.
L' homme s' imagine être le maître de son destin et du monde, il s' imagine être un dieu, sans comprendre que la satisfaction de ses désirs ne serait possible que s' il rejetait cette tendance à se considérer comme un dieu. Et dans son désir du monde de l' Esprit, il élabore des structures sociales mondiales qui correspondraient à la liberté, à l'égalité et à l'amour tels qu'ils ne peuvent se réaliser que dans le monde de l' Esprit. Le besoin de vérité, de justice et de liberté sous-jacent à de telles conceptions de la société est légitime. Ce besoin provient de l'être véritable qui veut s'épanouir. Mais quand les conditions intérieures que cela nécessite ne sont pas respectées, toute tentative d'établissement de telles règles sociales échouent. Or les créateurs de ces modèles et les exécutants qui veulent leur réalisation concrète négligent en général ces conditions. Au lieu de développer intérieurement l'être véritable de chacun, ce qui permettrait à un ordre extérieur correspondant de s'établir, ils croient que seul un changement de la situation va répondre à leur profonde aspiration. Ils projettent à l'extérieur le perfectionnement de l'être véritable en établissant de nouvelles structures sociales. Or, étant donné que les humains, s' ils ne changent pas eux-mêmes, n'ont ni la capacité ni la volonté de vivre vraiment selon les
nouvelles structures sociales idéales, ils tentent de forcer leur mise en pratique par la persuasion ou la violence. Tels sont les systèmes totalitaires. Mais ce n'est pas de propos délibéré et encore moins par la violence que l'on peut satisfaire aux conditions impératives de la conscience. Cette évolution n'est possible qu'en toute liberté.
Projection de l'homme terrestre
Cette base théorique permet de bien comprendre les systèmes idéologiques totalitaires du passé. Car ce ne sont pas les injustices sociales, les défaillances de la science et de la poli¬tique qui expliquent principalement des systèmes comme le fascisme ou le communisme. La pauvreté et l'absence de liberté, l'incertitude sociale et les ressentiments nationaux ont certainement joué un grand rôle dans leur apparition et fourni beaucoup d'énergie psychique pour leur croissance. En réalité, c'est le désir d'atteindre la véritable dimension de l'être humain qui est la raison déterminante de telles idéologies. Ce désir séculaire explique la force d' impulsion et l'abnégation totale de ces hommes, ni méchants ni mauvais, mais au contraire tout particulièrement bons, qui ont chaque fois soutenu ces mouvements à l'origine. Néanmoins leurs systèmes finissent toujours par entraîner déviation et mauvaise application de l' intention première.
C'est uniquement l' homme nouveau, l' homme spirituel véritable, qui a le pouvoir de se développer dans les structures et les forces de l' Esprit, alors que tout égocentrisme et que tout espoir de voir surgir un paradis dans le monde matériel ont disparu. A l' inverse, les systèmes totalitaires s'efforcent de constituer de « nouvelles sociétés » avec des « hommes nou¬veaux », mais seulement avec les hommes anciens, les hommes terrestres, et dans le rayon d'action du monde terrestre !
Ils organisent une communauté axée sur les biens terres-tres, qui est l'imitation d'une communauté spirituelle d'hommes vivant de l'Esprit. L'un de ces systèmes prévoit l'unité absolue d'êtres humains formant une «communauté de race et de sang », donc biologiquement semblables. Un autre veut réaliser la justice, la liberté et l'égalité absolues d'une « société sans classes » grâce à des rapports sociaux éla¬borés scientifiquement.
Les systèmes totalitaires identifient une communauté d' hommes axés sur cette terre avec une communauté d' hommes vivant des lois et des forces spirituelles. Dans une «communauté de race et de sang » — de nature biologique —cet « homme nouveau» est l' homme d'une race pure qui suit ses purs instincts naturels, extérieurement « militant » et intérieurement «frère de race ». Dans une « société sans classes » —liée de façon socio-économique — l' homme nouveau est le libre « prolétaire » qui, solidaire des prolétaires de tous les pays, dirige de la juste façon les moyens de production.
De telles projections développent une force inouïe parce qu'elle est nourrie par le désir inné de l'être véritable et d'une communauté avec l'Esprit. Elles mènent nécessaire¬ment au naufrage. Car l' homme axé sur cette terre ne peut jamais devenir un homme nouveau, et une communauté d' hommes terrestres encore moins former une communauté nouvelle.
Les systèmes qui ne suivent pas la voie de la Gnose ne sont pas gnostiques
Que reste-t-il de l' idée qu' il y aurait des idéologies politiques d' « origine gnostique » ? La racine profonde de l'action humaine est le désir du retour de l' homme spirituel dans sa Patrie, le monde spirituel. Dans un certain sens les idéologies sont « gnostiques » étant donné le profond désir de leurs auteurs. Mais alors toutes les religions ainsi que les sciences, la philosophie et l'art seraient « gnostiques »! Cependant l'union de l'homme avec Dieu n'est exclusivement possible que suivant une voie précise et bien arrêtée, aux conditions très déterminées: l'égocentrisme doit être rejeté aussi bien sur le plan de la conscience personnelle que dans les domaines du subconscient. Les désirs ne peuvent pas se réaliser étant donné que le changement du comportement extérieur n'a lieu qu'après une profonde transformation intérieure. Si la Gnose a donc pour but l'union avec l'Esprit, ses exigences absolues sont la seule voie pour y parvenir. Les systèmes qui ignorent cette voie ne peuvent donc pas être considérés comme gnostiques. Au contraire, ils sont agnostiques du fait que la déification de l' homme terrestre et la projection du monde spirituel en un paradis sur terre font justement obstacle aux expériences gnostiques.
Il faut néanmoins parvenir à la réalisation de l' homme véritable et d'une communauté qui en soit l'expression. Cette mission est toujourscelle de l' humanité, même si elle la comprend mal et s'y efforce de manière erronée par de faux moyens. Que les tentatives idéologiques aient été des échecs fondamentaux et que la mission personnelle des êtres humains soit apparemment discréditée, ne doit pas faire croire que cette mission est écartée ou même niée. On doit plutôt découvrir comment l'accomplir. Et les tentatives man¬quées montrent très clairement de quelle manière il ne faut pas le faire.
La Gnose, Vérité universelle
Dans le Trigonum Igneum se révèle le Triple Logos, les trois sons primordiaux de l'Amour divin, de la Raison divine et de l'Activité divine.
Tout ce que l' homme perçoit est pour lui vérité. La nature de cette vérité, sa relativité ou sa perfection dépendent de la qualité de son pouvoir de perception. Ce pouvoir est lié à un système sensoriel déterminé. S'il perçoit le centre absolu de l'univers, le Dieu suprême qui englobe tout, le soleil spirituel central, c'est qu' il possède la compréhension supérieure et la vérité universelle.
Cette vérité originelle, ou Gnose, résulte de la perception de la divinité parfaite; c'est la reconnaissance de l' Esprit uni¬versel dans les sanctuaires intérieurs du coeur et de la tête. Pour recevoir la Gnose, percevoir l' Esprit universel, il faut posséder un principe intérieur capable d'admettre ces radia¬tions: or ce principe merveilleux qui permet de percevoir le Dieu suprême est potentiellement présent en tout être humain.
* Rose du cœur ou atome-étincelle d'Esprit:
Principe apte à capter les rayons du soleil spirituel sous une forme atténuée, et de les transmettre ensuite au sang et au fluide nerveux. Dans la tête se trouve la pinéale, organe également dénommé joyau dans le sanctuaire
Source
La Gnose religion intérieure, Série cristal 5
Date de création : 04/08/2009 • 18:56
Dernière modification : 04/08/2009 • 18:56
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