Qu'est-ce que la Connaissance (Gnose) ?
Etre conscient de la vivante
réalité de la Gnose n'est possible
que par l'étincelle d'Esprit
cachée dans le coeur.
La Gnose, en grec «connaissance », est une réalité toujours vivante et actuelle; il ne s'agit ni d'un savoir ordinaire, ni d'une certaine conception du monde, ni d'un système reli¬gieux du passé. On pourrait la considérer comme une philosophie, et essayer de comprendre ses idées et symboles, mais alors elle resterait insaisissable. Car la Gnose est avant tout une force qu' il faut éprouver, accepter, et vivre.
La Gnose est Esprit, force de rayonnement de l' Esprit, une force qui appelle l' homme à réaliser sa véritable destinée: sa réconciliation avec le monde divin et son retour dans sa vraie patrie.
L' homme peut-il entendre cet appel et y répondre ? Oui,
car il possède en lui une étincelle de lumière divine, un atome originel, réceptif
à l'appel de la Gnose, à la lumière de l' Esprit parce qu'il est
de même nature. Cependant il n'en est pas conscient. L'étincelle divine en lui est comme prisonnière de la matière,
cachée, inconnue, éteinte, privée de vie. Mais si cet homme
ne se sent pas chez lui dans ce monde, qu' il est conscient
d'errer sur cette terre en passant sans cesse du bien au mal,
de la nuit au jour, de la vie à la mort, qu'il est dans l' incapacité
de dépasser ses limites et que la souffrance des hommes sur cette terre le scandalise, il se peut qu'un jour un rayon de la Gnose parvienne à rallumer l'étincelle de lumière cachée en lui. Alors il se réveille brusquement et voit tout avec d'autres yeux.
Il a la confirmation que la terre n'est pas sa vraie patrie, qu' il appartient au monde spirituel dont il a entendu maintenant l'appel. Il sent nettement que cohabitent en lui deux tendances, deux êtres: l'être extérieur ordinaire, l'habitant de la terre; et un être intérieur spirituel qui aspire à l'absolu. Il fait l'expérience d'une vérité aussi vieille que le monde: l'existence de deux ordres de nature séparés. D'une part, un monde où alternent continuellement la naissance et la mort; d'autre part, le monde éternel et immuable de l'Absolu.
A notre époque, à l'ère du Verseau, le rayonnement de la Gnose se fait sentir avec une grande
intensité, et l' humanité l'éprouve comme une invitation à briser tous ses liens avec les structures dépassées de la société et de la religion, et à trouver de nouvelles possibilités, en particulier dans les sciences et les arts. Elle projette ses aspirations à l'extérieur et espère toujours fonder sur terre un royaume paradisiaque. Or beaucoup agissent actuellement selon une sagesse que l'on peut mettre en doute, et le temps est proche où la plupart reconnaîtront peut-être que leur sagesse ne suffit pas.
Le vrai chercheur touché par le rayonnement gnostique, quant à lui, se retournera vers l' intérieur de lui-même, dans le silence du plus profond de son être, d'où il recevra peu à peu toute la connaissance nécessaire pour s'élever au-dessus de l'espace et du temps, de la vie et de la mort, afin de suivre le vrai plan de délivrance du monde et de l' humanité: le plan prévu par Dieu de toute éternité, et d'atteindre le véritable but de sa vie: devenir un Homme-Ame-Esprit, redevenir l' Homme de l'origine. Ainsi découvrira-t-il l'essence même de la Gnose, qui est l'unité de toutes les âmes libérées dans la Lumière divine.
Quiconque reconnaît ce chemin et veut le suivre a besoin d'aide car il est difficile, extérieurement comme intérieure¬ment, d'aller contre tous les anciens principes et forces qui s'opposent à ce développement afin de se maintenir coûte que coûte. C'est là le rôle des écoles spirituelles authentiques qui ont su créer un lien avec les Fraternités gnostiques du passé, c'est-à-dire entrer en liaison vivante avec la Gnose par une réponse positive à son appel. Il se crée alors un champ de force qui offre toutes les possibilités libératrices à leurs élèves. En eux la Gnose se dévoile, tous aspirent à la même illumination intérieure, et chacun, dans le respect et au service d'autrui, pénètre peu à peu dans l'unité, l'amour et la paix de sa vraie patrie, le Monde divin.
La gnose est antérieure au Christianisme. Elle puise ses racines en Orient : Egypte, Babylonie, Iran, Inde…Elle se réfère à une tradition primordiale intemporelle, conservée dans plusieurs centres initiatiques et transmise de maître à adepte. Elle n’est pas une hérésie née du Christianisme, mais se présente plutôt comme un mouvement d’opposition, de réaction face aux dogmes et aux écrits trafiqués qu’imposa l’Eglise naissante. Elle est le résultat d’une rencontre entre la nouvelle religion et des courants d’idées préexistants. Elle résulte d’un syncrétisme entre le Christianisme et des croyances étrangères à celui-ci. Le gnosticisme est aussi une manière spéciale d’appréhender la vie, le monde, le divin. Il présente pas mal d’affinités avec les théories modernes du New Age et sa manière “holistique“ d’envisager la place de l’homme dans l’univers.
La Gnose propose le salut par le Savoir. La Connaissance est salvatrice et s’oppose à la simple “croyance“ des fidèles. Ici, on ne croit pas, on sait. Du Grec “gnosis“, elle est la haute Connaissance initiatique qui incite la créature humaine à découvrir en elle-même, par un cheminement intérieur personnel, la grande Lumière primordiale. Elle lui permet de retourner vers le Dieu absolu (qui n’a jamais été Yahvé), à travers un processus purificateur de transfiguration de sa nature. Elle dévoile à l’homme les clés théoriques et pratiques indispensables pour s’affranchir de ce monde et éveiller ses facultés latentes.
La Gnose est de nature transcendante. Elle est rattachée à la source originelle. C’est un savoir intérieur par lequel l’être appréhende le divin, indépendamment de tout dogme et de tout enseignement. Plus besoin de prêtres, ni d’Eglise. C’est la raison majeure pour laquelle la pensée gnostique fur considérée comme “hérétique“ aux yeux des hommes d’Eglise et délibérément condamnée, pourchassée, interdite, censurée, ce qui ne l’empêcha nullement de rester vivante en de nombreux textes. Les occultistes et les théosophes ont toujours considéré les gnostiques comme les détenteurs d’une science extraordinaire venue d’Orient, d’initiations prestigieuses, de pouvoirs sur la nature et les éléments.
Tous les gnostiques chrétiens prétendaient se rattacher à un enseignement secret de nature ésotérique donné par Jésus à ses disciples et qui fut complètement occulté par l’Eglise. Cette dernière imposa des dogmes susceptibles, non de délivrer les hommes, mais de les asservir. Les Pères de l’Eglise dénaturèrent le message christique originel, créant une religion artificielle basée sur des écrits trafiqués. Selon les adeptes, la gnose proviendrait de la divinité elle-même. Autre point de désaccord avec l’Eglise, certains gnostiques comme les Ophites (ophis signifiant serpent) et les Naassènes (nahash signifiant serpent en hébreu) du II siècle, choisirent le serpent comme divinité tutélaire. Ils considéraient le serpent tentateur du Jardin d’Eden comme le messager d’un Dieu plus ancien que Yahvé, et bien meilleur, qui aurait eu pour mission de transmettre secrètement le savoir (la Gnose) à l’homme. Le Dieu des Juifs commençait à devenir orgueilleux aux point de s’affirmer en tant qu’unique, alors le Dieu suprême décida de contrecarrer ses plans en donnant aux hommes l’énergie de l’arbre, celle de la Kundalini, une voie d’éveil susceptible de réunir les pôles opposés/complémentaires en une fusion avec Dieu, une expérience dont Jésus fait souvent référence dans les évangiles gnostiques sous le nom de “Chambre nuptiale“.
Les textes gnostiques relatent une tout autre version de la création et de l’origine de l’homme que celle véhiculée par l’Ancien Testament. A l’opposé de l’Eglise qui a toujours considéré que l’origine du mal puisait ses racines dans la faute commise par le premier couple d’humains, les gnostiques évoquèrent une “erreur“ perpétrée par la divinité qui fut à la base de notre création. Ils refusaient la vision de l’homme entaché par une culpabilité existentielle. L’homme était considéré comme une création manquée, une sorte de contrefaçon maladroite de l’image du Père. Alors que l’Eglise soumettait les pêcheurs à la menace de l’Enfer éternel, aux tourments de ses flammes et promettaient aux opprimés et aux miséreux, une place de choix au Paradis, éludant les problèmes de l’injustice de ce monde, édifiant sur la crédulité et l’ignorance des peuples un véritable empire, les gnostiques n’avaient de cesse de prôner la rébellion face aux dogmes chrétiens ou païens. Selon eux, l’homme était soumis à l’autorité d’un mauvais démiurge qui avait fait de lui un esclave perdu dans un monde de violences, de perversité et de cruauté qui n’aurait jamais dû voir le jour. Pour les gnostiques, le Dieu créateur du monde matériel, Yavhé, n’était pas bon. Il n’était ni un Dieu d’amour, ni le père du Christ. Le Christ ou “esprit sauveur“ (spiritus salutaris) était une émanation du Dieu “bon“(que Marcion qualifiait de “Dieu étranger“ car il ne s’était encore jamais manifesté en ce monde), descendu sous une apparence humaine pour délivrer l’humanité de l’emprise de Yavhé.