TEMPS et ESPACE :
Temps, espace, fin, origine sont pensées, désir et raison dont l’homme ici-bas est victime dans ce monde de l’illusion.
Chant n° 2
Le conflit entre le temps et l’espaces se résoudra en nous :
Dans le champ de force, sont libérés les éthers du renouvellement, dans les Temples et les foyers de l’École, d’une manière directe, de sorte que l’élève peut réaliser son processus de revirement fondamental.
Tout est orienté dans le champ de force de l’École spirituelle, et toute l’attention est portée pour la sauvegarde des conditions telles que les essences spirituelles du Soleil spirituel peuvent se révéler.
Ce sont les éthers du renouveau qui forment les pierres de construction du travail de Franc-maçonnerie. Ces purs effets éthériques possèdent un curieux pouvoirs. Quand nous les assimilons et les employons de la juste manière, d’une façon harmonieuse, la clef vibratoire de notre être se modifie. Les atomes de notre état véhiculaire sont ainsi entraînés dans un processus d’accélération qui change totalement la vie et son orientation ? Nous rétablissons intérieurement l’harmonie avec le champ de rayonnement du Soleil spirituel et comprenons ainsi à nouveau l’Intention divine. Notre vie ne sera plus alors une goutte de conscience isolée, mis nous retournerons à l’océan de vie spirituelle d’où provient jadis notre foyer spirituel. Le conflit entre le temps et l’espace se résoudra en nous.
Pent. n°1-1980/13, 14
TEMPS ET ÉTERNITÉ :
Sentir l’éternité dans le temps, le temps comme une marche en avant éternelle :
Est-ce que vous voyez, vous qui faites partie du groupe et avez ainsi part au Corps vivant, qu’il vous est donné, si vous le voulez, d’accomplir la grande et sainte loi, d’éprouver, de sentir l’éternité dans le temps et le temps, comme une marche en avant éternelle ? Pour cela il faut que vous appreniez à prier…
G.O.E.2/212
Les sept courants de l’éternité qui englobent le temps :
La véritable prière c’est l’élévation de l’âme dans les sept rayons de l’Esprit septuple, dans les sept courants de l’Éternité qui englobent le temps, le pénètrent et le guident…
G.O.E. 2- 212
Besoin pour le temps et l’éternité :
L’âme renée cependant est de nouveau reliée au Père et reçoit tout ce dont elle a besoin pour l’ensemble du système microcosmique auquel elle appartient. Pour cette âme, la vie est une prière ininterrompue. Et, par cette prière pénètre en elle tout ce dont elle pourrait avoir besoin pour le temps et l’éternité. Il est donc logique que lorsque cela est utile et nécessaire, elle puisse se montrer magique en déversant les forces qu’elle a reçues et dont elle dispose : déversement de forces pour l’École spirituelle, pour la Gnose ou pour un enfant de Dieu dans l’École.
G.O.E. 2 - 212, 213
Temps et éternité se joignent :
Hermès dit : “dans la merveilleuse contemplation, le corps complètement immobile, tels nos ancêtres Ouranos et Kronos.” Par nos ancêtres Ouranos et Kronos, il fait allusion ici aux Forces-Lumières sublimes dans lesquelles le temps et l”éternité se joingnent pour former une prodigieuse unité et qui, et qui à la fin de l’époque atlantéenne et à l’aube de l’époque aryenne, établirent une liaison avec l’humanité. Il s’agit des manifestations spirituelles divines qui furent créées et formées par ces entités il y a plusieurs millions d’années. Ces semeurs, ou “saturnaliens” (Kronos : Saturne) apportèrent le bon grain à la nouvelle manifestation de l’humanité. Dans le monde, mais pas de ce monde, ils avaient un corps mais pouvaient opérer en dehors du corps afin de témoigner directement de la majesté de la Nature fondamentale à ceux qui en étaient encore exclus.
G.O.E. 3 –153, 154
Il y a pourtant toujours, au cours des temps, un nouveau son gnostique :
Valentin, philosophe gnostique du début de notre ère, auteur de la Pistis Sophia, expliquait à ses élèves ces mondes divins inconnaissables, ces espaces vides, qu'il désignait comme « le plérôme «. Il démontrait que des émanations du plérôme se produisent dans notre obscurité connaissable pour rendre à même de les trouver tous ceux qui cherchent les Espaces divins.
L'Ecole Spirituelle gnostique actuelle, le Lectorium Rosicrucianum, propage ces mêmes maximes impérissables. Elle les place simplement dans le cadre d'une langue qui nous convient, de phénomènes scientifiques naturels qui s'imposent à nous. Elle explique les émanations du plérâme, du présent vivant des phénomènes électromagnétiques. Mais aussi moderne que tout ceci puisse paraître à notre époque, ce sont toujours les mêmes vérités impérissables qui sont transmises à l'humanité, qu'elles aient résonné au début de notre ère ou dans le présent.
Il y a pourtant toujours, au cours des temps, un nouveau son gnostique, car les émanations des fortes divines éternelles rencontrent dans le temps des situations toujours différentes. Le temps remue le monde et l'humanité. Tout ici-bas est exposé au changement, car la nature de la mort, avec tout ce qu'elle contient, se consume, se cristallise, se perd, sous des voiles de nuit et de décadence toujours plus épais, dans un changement et une rotation perpétuels. C'est pourquoi les émanations du plérôme, bien qu'elles demeurent les mêmes, trouvent à leur arrivée dans la nuit du présent un monde et une humanité tout autres que dans le passé. Par suite, une méthode de travail toujours différente devient nécessaire. Chaque fois l'humanité doit être touchée de façon autre, afin que le chemin éternel du salut puisse s'ouvrir à toute époque et dans chaque situation et qu'un sauvetage pratique puisse se faire dans l'époque actuelle.
C'est ainsi que nous découvrons dans l'histoire du monde que les effusions du plérôme divin se manifestent en deux courants, deux rivières. 258
Chaque courant a un aspect positif et un aspect négatif ; de là vient que le récit du Paradis parle de « quatre rivières » coulant à travers l'Eden du commencement. Nous parlons, dans notre terminologie, de deux ondes électromagnétiques et Valentin, lui, les indiqua comme la « Pistis » et la « Sophia » . Le premier courant est celui de la connaissance par la foi, Pistis ; l'autre, celui de la sagesse, Sophia. Le premier est entièrement associé à la sagesse humaine courante de chaque période, de sorte que la grande masse puisse découvrir cette émanation et y réagir ; l'autre courant reste à distance de ce monde quoique y rayonnant, afin que l'individu, l'homme cherchant Dieu, s'évadant de la Pistis de la nature, puisse trouver finalement la Sophia.
Reconnaissez-vous combien ceci est splendide et efficace ? L'émanation de la Pistis se manifeste à l'humanité en grande force. Et parce qu'elle veut l'être, une violente agitation naît parmi les hommes car la Pistis est comme une bombe qui explose. Car, bien que connaissable et adoptant le vêtement du temps et du lieu, la Pistis éveille une antithèse. Elle signale à l'humanité ses péchés, ses chemins vers l'abîme, sa morale mauvaise. Elle montre un autre chemin qui s'enveloppe cependant de nuages et d'abstractions, et se perd en généralités; car la Pistis, le premier courant émanant du plérôme, n'a d'autre but que d'éveiller l'agitation et l'inquiétude parmi les hommes. Et si cette inquiétude et cette agitation viennent (et elles viennent) un violent conflit naîtra et une grande distance séparera la Pistis, la connaissance par la foi, de la Sophia, de la sagesse véritable. Car c'est précisément l'intention de ces deux émanations d'alarmer l'homme en le touchant dans le penser, dans la connaissance, de bousculer l'équilibre de l'assurance du soi et de le pousser dans la direction de la vraie sagesse. La Pistis doit devenir la Sophia, de sorte qu'il puisse être question, dans une seule notion, de la Pistis Sophia, des deux émanations divines devenues unes.
G.T.P. 258, 259
Il existe une séparation absolue entre les notions et valeurs « temps » et « Éternité ».
Suivant la conception bourgeoise, le temps est une condition que l’on mesure en heures, jours et années et l’Éternité, quelque chose comme un temps qui dure toujours. L’Éternité qui s’étend derrière le temps. Cette conception bourgeoise est cependant absolument fausse. Le temps en effet, son essence n’a jamais été autre chose que le toujours-durant et on l’exprime parfaitement par la conception populaire d’Éternité. Lorsque le corps physique ordinaire ne peut plus soutenir sa réalité d’existence et meurt, l’autre partie de l’être humain réel dialectique part vers un domaine et un état de vie, qui sont, eux aussi, mesurables par le temps. Si l’on pensait après le trépas du corps physique aller dans une vie sans temps, ce serait là une erreur complète.
L’Éternité de la Langue sacrée ne se trouve pas dans le pays de l’au-delà.
R.C.O. 125
La séparation d’avec le monde du temps :
Un monde qui, à aucun point de vue, n’est ce monde. L’entrée dans l’Éternité signifie la participation, l’admission dans le Royaume immuable.et la séparation d’avec le monde du temps.
R.C.O. 126
Ne vous agrippez pas davantage au temps :
Ces deux mondes existent en même temps :
Le monde dont parle la Fraternité gnostique est : il est plus proche que les mains et les pieds. Avoir part à cette Éternité ne commence pas après la mort physique, mais peut être immédiatement un fait absolu. C’est une expérimentation, un état d’être dans le présent. La parole « ne remettez pas à demain ce que vous pouvez faire aujourd’hui » est un appel à votre intelligence. Il est évident que cette parole s’adresse aux personnes qui cherchent la Réalité éternelle intérieure. 126…Vous aussi, n’est-il pas vrai cherchez l’Éternité ? Vous aussi cherchez la vie nouvelle incorruptible ? Eh bien ! elle est ici, dans le présent !… Vous, si habitué à tout mesurer avec le temps devez comprendre que l’Amour infini de notre Seigneur, la Voie Sacrée, s’étend entre vous et le Royaume immuable. Elle y est, dans le temps, pour conduire à l’Éternité tous ceux qui le veulent. –
Le Seigneur de toute vie a-t-il dit au meurtrier : « Demain tu seras a paradis » ? – Non – Il dit : « Je te le dis, aujourd’hui tu seras avec Moi au paradis »….Ne vous agrippez pas davantage au temps, mais libérez-vous afin que les Portes de l’Éternité s’ouvrent pour vous.. »
R.C.O. 125 à 127
Sentir l’éternité dans le temps, le temps come une marche en avant éternelle :
Est-ce que vous voyez, vous qui faites partie du groupe et avez ainsi part au Corps vivant, qu’il vous est donné, si vous le voulez, d’accomplir la grande et sainte loi, d’éprouver, de sentir l’éternité dans le temps et le temps, comme une marche en avant éternelle ? Pour cela il faut que vous appreniez à prier…
G.O.E.2 /212
Les sept courant qui englobent le temps, le pénètrent et le guide :
La véritable prière c’est l’élévation de l’âme dans les sept rayons de l’Esprit septuple, dans les sept courants de l’Éternité qui englobent le temps, le pénètrent et le guident.
G.O. E. 2/212
La Divinité est le connu et l’inconnaissable, le temps et l’éternité tout ensemble :
L'essence de ce chant de louange est un constat d’impuissance, impuissance à chanter la louange du Père de l'univers d'une manière véritablement satisfaisante et justifiée. – 136 -
La Divinité est aussi bien transcendante qu'immanente, ce qui signifie qu'elle rayonne dans tous les domaines cosmiques, qu'elle se manifeste en tout et en tous, et qu'elle est en même temps en dehors de la manifestation, dans ce qui ne peut pas être connu. Elle est donc le connu et l'inconnaissable, temps et éternité tout ensemble.
P.V. ch 22/ 136 à 139
Puissions-nous résoudre le conflit entre le temps et l’éternité :
Celui pour qui la pure élévation de l’esprit devient un fait, ne connaît plus de question. Comment vivre ? Comment être ? Il agit selon l’incitation de la Conscience divine qui parle au centre de notre être. Cela signifie entrer dans le silence au plus profond de soi, où la tempête de la nature se tait et où le penser est comme un miroir de l’âme, où la vertu immaculée se déploie dans le cœur telle une rose aux sept pétales.
Puissions-nous comprendre le temps où nous vivons et répondre à l’exigence qu’il nous impose. Puissions-nous résoudre le conflit entre le temps et l’éternité. L’école spirituelle et son Champ de force en donne la possibilité à chaque élève.
Pent. n° 1 1980/14
Le vrai Rose-Croix réalise au fond se son être la rencontre du temps et de l’Éternité :
LE CHEMIN ENTRE LE TEMPS ET L'ÉTERNITÉ
Le vrai Rose-Croix est quelqu'un qui parvient à réaliser au plus profond de son être la rencontre du temps et de l'éternité. Ainsi parcourt-il le chemin qui conduit potentiellement à la transfiguration: le rétablissement de la personnalité originelle immortelle. C'est la véritable évolution humaine telle qu'elle est comprise dans le Plan divin, lequel constitue également le fondement de l'existence du macrocosme, du cosmos et du microcosme…
Pent.1997 n°1/2 à 4
Sortir des brumes du passé l’Enseignement universel car le « temps est accompli » :
…Pour marcher sur les pas du vrai Rose-Croix qui accomplit cette œuvre alchimique, il faut mettre en pratique l'enseignement de la transfiguration. La Rose-Croix a sorti de la brume des siècles cet Enseignement universel et intangible afin de le mettre en pleine lumière, car «le temps est accompli». C'est ainsi que I'Ecole Spirituelle de la Rose-Croix d'Or, qui se révèle derrière l'appareil extérieur du Lectorium Rosicrucianum, fait entendre l'appel de l'antique Fraternité des Rose-Croix.
Les élèves sont instruits de tous les aspects du processus de la transfiguration et y sont progressivement reliés. Dans L’Appel de la Fraternité de la Rose-Croix * (Fama Fraternitatis R.C. anno 1459, l'un des quatre volumes constituant le Testament spirituel de l'Ordre de la Rose-Croix), il est dit:
« Le seul Dieu sage et miséricordieux ayant dans les temps derniers répandu avec tant de profusion sa grâce et sa bonté sur le genre humain, afin que nous parvenions progressivement à la connaissance parfaite de son Fils, Jésus-Christ, et de la nature, nous pouvons à bon droit parler d'un temps heureux. Car alors il ne nous pas seulement dévoilé la moitié du monde inconnu et caché jusqu'à aujourd'hui, révélé nombre d'œuvres et de créations prodigieuses de la nature, encore jamais vues, mais surtout a fait surgir des hommes dotés d'une grande sagesse, qui renouvelleront en partie tous les arts de notre époque dégradée et imparfaite, pour les mener à la perfection. De la sorte, l'homme comprendra enfin sa noblesse et sa valeur, la raison pour laquelle il est appelé microcosme, et l'étendue de sa connaissance de la nature.
Le monde inconsidéré n'en sera toutefois que peu réjoui. Au contraire, il ne fera plutôt qu'en sourire et s 'en moquer. La fierté, l'avidité et la présomption de beaucoup d'hommes sont si grandes qu'il ne semble pas possible de les mettre d'accord les uns avec les autres. Mais, s'ils étaient mis, ils seraient en mesure de composer, le tout ce que Dieu nous a concédé si abondamment à notre époque, un Librum Naturae, c'est-à-dire: la méthode parfaite le tous les arts. »…
Pent.199 n°1/ 2 à 4
Cet écrit des anciens Rose-Croix n’est pas soumis au temps :
…Cet écrit des anciens Rose-Croix est en fait absolument actuel, car le dessein sous-jacent à ces paroles n'est pas soumis au temps mais touche grandement le chercheur moderne. Il s'agit de ce en quoi consiste le Librum Naturae :faire comprendre à l'être humain sa dignité et sa vocation afin qu'il perçoive pourquoi il est appelé microcosme; le faire sortir de sa conscience-moi enténébrée ; le libérer véritablement.
C’est à cela que tend la Rose-Croix d'Or à notre époque, tel est son idéal. Sa tâche actuelle est de faire briller aussi clairement que possible et de débarrasser de ses nombreuses souillures et mystifications la Sagesse universelle, la Gnose: la connaissance du but et de l'essence du Plan divin prévu pour le monde et l'humanité.
Pent.1997 n°1/2 à 4
Le temps face à l’Éternité :
Des deux côtés de la Croix, symbole de l'Arbre de Vie, sont dressent les croix de deux larrons : entre deux erreurs se dresse la Vérité. l'un des larrons s'identifie à la Miséricorde divine, l'autre à la Rigueur.
Au pied de la Croix sont Marie et Jean, archétypes du féminin et masculin. Sur la Croix est Celui en qui n'est « ni homme, ni femme » (Paul, Gal., III, 28), car dans cette ultime mort Il a reconquis l'unité.
Autour du Christ transfiguré sur le mont Thabor, apparaissent Moïse et Élie. Entre la Rigueur de la Loi et le Feu du Prophétisme, Christ est la Tradition vivante.
Il est cependant deux autres personnages sur lesquels je veux m’arrêter plus longtemps, ce sont les deux Jean, Jean le Baptiste d’une part, Jean l'Évangéliste de l'autre.
Dans l'Antiquité, temps historique bien antérieur au christianisme, était vénéré le dieu Janus. Représenté sous la forme d'une tête unique offrant deux visages, l'un de vieillard, l'autre de jeune homme, il était fêté aux deux solstices du cycle de l'année. Nous en verrons par la suite la signification.
Ce Janus Bifrons symbolisait le temps : le passé par son visage de vieillard, l'avenir par celui de l'homme jeune. - 81 - Le seul visage qui n'était pas et ne pouvait être représenté était celui du présent, l’insaisissable, l'immatériel, l'intemporel.
Dans la personne du Christ, l'insaisissable se laisse saisir, l'immatériel s'incarne, le présent se fait réalité, l'éternel se rend historique, l'immortel meurt et ressuscite pour réintroduire l'Homme dans sa dimension divine. Entouré de ces deux Jean, Jean le Baptiste le « vieil homme », l'homme en « tunique de peau » (il est habillé de poil de chameau), et Jean l'Évangéliste, « le devenir », celui dont le. Maître parle si mystérieusement comme s'il signifiait que celui-là déjà était accompli. (Jean, XXI, 22-23),
Christ est « l'instant ».
C'est au niveau du présent que l'Homme trouve son vrai visage et peut vivre sa mesure d'éternité. Dans sa dimension christique il sort du temps tout en étant dans le temps ; l'instant est le point crucial de l'Homme. La plupart des êtres le refusent car il est ce qu'il y a de plus difficile à vivre. Lié par essence à l'éternité, le présent est porteur d'absolu.
L'Homme vit cette contradiction qui consiste à réclamer I'absolu et à le fuir. Il le réclame parce qu'il en est pétri en son essence, il le fuit parce qu'il attend que l'existence le lui apporte, parce qu'il le cherche non à l'intérieur de lui-même, mais à l'extérieur. Il l'attend du temps : soit du passé qu'alors il idéalise et dans lequel il se réfugie (c'est l'attitude de maint vieillard), soit du futur dont il espère qu’il comblera (c'est celle du jeune homme et de beaucoup d'entre nous qui vivons toujours projetés en avant).
Lorsque l'instant en son aspect temporel lui apporte une joie, alors il réclame du temps qu'il ait valeur d'éternité : « O temps, suspends ton vol... », chante le poète. Ne sachant pas prendre la dimension du présent, l'homme le fuit, et le fuyant il se fuit et par là même se détruit.
L'expression occidentale du christianisme des dix derniers siècles traduit dramatiquement cette expérience. Actuellement déchirée entre intégristes qui s'attachent aux habitudes d'un très relatif passé et progressistes qui entrent en compétition avec le progrès extérieur qu'inconsciemment ils déifient, cette Église quitte son axe traditionnel et se détruit. La Tradition n'est le fruit ni d'un passé, ni futur, elle est ce temps prophétique qui plonge dans l'intemporel et s'incarne dans l'instant. - 82 -
Les partis politiques, qu'ils soient « de droite » (conservateurs) ou « de gauche » (progressistes eux aussi) s'appuient sur une béquille qui tend à déséquilibrer l'autre, rendant la nation « boiteuse » et ne la cheminant nullement, dans un tel contexte, à vivre sa vie d'adulte, centrée sur sa vraie colonne vertébrale.
Revenant à notre schéma corporel ontologique, il nous est facile de lire en son côté gauche féminin, celui de la permanence, l'origine, l’antique ; en son côté droit masculin, celui du mouvement, le futur. Seule la colonne vertébrale incarnant l'instant, germe de transcendance des antinomies, est la vie et la voie qui mène l'homme ou le groupe, ou la nation, ou l'humanité même dans sa totalité, dans l'axe de son être essentiel, spirituel et divin.
L'Homme, ne vivant pas cet axe, se désinsère de la vie et se fait dévorer par le temps.
Cet aspect dévoreur du temps nous est transmis par le mythe de Chronos - central dans la vie de l'humanité. Le relater ici nous entraînerait dans une digression trop complexe. Disons seulement que, fils d'Ouranos, dieu du ciel, Chronos aidé des Titans détrône son père.
Qui est-il par rapport à lui?
Le temps face à l'éternité. Il préside à notre naissance, notre mûrissement, notre mort. Il est la continuité, la succession, l'enchaînement, la répétition par rapport à l'éternité.
Nous voyons alors Chronos dévorer tous ses enfants: chaque instant s'annule, dévoré qu'il est par le futur immédiatement devenu lui-même passé. Est-ce à dire que tout est perdu, qu'il n'y a plus rien de commun entre Ouranos et Chronos, entre l'éternité (que les philosophes appellent aussi le non-temps) et le temps ? Le mythe continue de nous l'apprendre: Ghéa, femme de Chronos, sauve un de ses enfants, un de ces « instants » qui est Zeus : il est de dimension divine.
Chaque instant peut être sauvé, redonné à sa dimension d'éternité.
Alors Zeus réinstaure le règne d'Ouranos. Zeus, ce dieu qui est en nous, ne peut se laisser dévorer ; il combat, aidé des Cyclopes pour engloutir les Titans, forces instinctuelles, et Chronos lui-même, dans le feu des volcans. Ce feu à l'intérieur de la terre, c'est l'amour à l’intérieur de l’être…(Symbolisme du corps humain – Annick de Souzenelle
Symb. corps humain p. 81 à 83