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Le livre de Dzyan
Le Livre de Dzyan est supposé être un ancien texte, d'origine tibétaine, et possiblement relié à une branche ésotérique du Lamaïsme. Il a été la base de la Théosophie, le mouvement spiritualiste ésotérique fondé par Helena Blavatsky en 1875. L'œuvre majeure de cette dernière, La Doctrine Secrète (1888), se propose de faire l'étude de certaines stances (voir ci-dessous) tirées de cet ouvrage légendaire ou imaginaire ou remanié.
On retrouve également d'autres stances (voir ci-dessous) supposées avoir été tirées de cet ouvrage, reproduites dans l'œuvre d'Alice Bailey, Un Traité sur le Feu Cosmique, qui se propose d'en faire un commentaire présenté comme la continuation des travaux d'Helena Blavatsky.
Des références à cet ouvrage existent aussi dans les œuvres d'Howard Phillips Lovecraft, et ont été par ailleurs développées par d'autres écrivains qui ont œuvré au sein du mythe de Cthulhu.
Validité de l'ouvrage évoqué par H. P. Blavatsky
Le point de vue de Gershom Scholem
Gershom Scholem, philosophe spécialisé dans la kabbale hébraïque, indique dans une note de Major Trends in Jewish Mysticism (1950) :
« À mon avis, on ne saurait guère douter que les fameuses stances du mystérieux Livre de Dzyan, sur lequel est fondé le magnum opus [ouvrage fondamental] de Mme H. P. Blavatsky, La Doctrine Secrète, sont tributaires, à la fois par leur titre et leur contenu, des pages pompeuses de l'écrit zoharique [dans le Zohar, daté de 1280] appelé Siphra Di-Tzeniutha1. Le premier qui a avancé cette théorie sans autre preuve a été L. A. Bosman, un théosophe juif, dans son opuscule The Mysteries of the Qabalah (1916), p. 31. Cela me semble vraiment la véritable 'étymologie' du titre inexpliqué jusqu'ici. Mme Blavatsky a puisé abondamment à la Kabbala Denudata de Knorr von Rosenroth (1677-1684), qui contient (vol. II, p. 347-385) une traduction latine du Siphra Di-Tseniutha... En fait, H.P.B. fait allusion elle-même à un tel rapport entre les deux livres dans les toutes premières lignes de Isis dévoilé [trad. fr., Paris, Éditions Adyar, t. I p. 57] : 'Il existe quelque part, dans ce vaste univers, un vieux Livre... Le plus ancien document hébreu sur la science occulte - le Siphra Dzeniouta - a été compilé d'après ce livre et ce fut à une époque où on le considérait déjà comme une relique littéraire.' Le Livre de Dzyan - conclut Scholem - n'est donc rien d'autre qu'une hypostase occultiste du titre zoharique. »
Extraits de la doctrine secrête
Si une grande partie des oeuvres sanscrites, chinoises et mongoles, citées dans ces volumes, sont connues de quelques orientalistes, l’ouvrage principale - auquel sont empruntées les STANCES - n’est pas en la possession des bibliothèques européennes. Le LIVRE DE DZYAN ( OU « DZAN ) est entièrement inconnu de nos philologues, ou du moins ils n’en ont jamais entendu parler sous le nom actuel. C’est là, évidemment, un grand défaut pour ceux qui suivent dans leurs recherches les méthodes prescrites par la Science officielle; mais pour les étudiants de l’Occultisme, et pour tous les vrais Occultistes, cela sera de peu d’importance. Le corps principal des doctrines données se trouve éparpillé dans des centaines et des milliers de manuscrits sanscrits, les uns déjà traduits - et défigurés, comme d’habitude - les autres attendant leur tour. Tout savant a donc l’occasion de vérifier les déclarations faites ici, et de contrôler la plupart des citations. On trouvera quelques faits nouveaux, nouveaux seulement pour l’Orientaliste profane, et des passages cités des Commentaires, difficiles à suivre jusqu’à leur source. Plusieurs des doctrines, en outre, n’ont été jusqu’ici transmises qu’oralement, cependant, dans tous les cas, il leur est fait allusion dans les innombrables volumes conservés dans les temples Brâhmaniques, Chinois, et Tibétains.
Les membres de plusieurs écoles ésotériques - dont le centre est au-delà de l’Himâlaya, et dont on peut trouver des ramifications en Chine, au Japon, dans l’Inde, au Tibet et même en Syrie, sans compter l’Amérique du Sud - prétendent avoir en leur possession la somme totale des oeuvres sacrées et philosophiques, manuscrites ou imprimées, en fait, tous les ouvrages qui ont été écrits, en quelque langue ou caractère que ce soit, depuis les hiéroglyphes idéographiques jusqu’à l’alphabet de Cadmus et au Dévanâgari.
...En vérité, les parties secrètes du Dan ou Janna (Dhyâna) [ Dan, devenu, en phonétique chinoise et tibétaine, Chhan, est le nom général des écoles ésotériques et de leur littérature. Dans les vieux livres, le mot Janna est défini comme « la réforme de soi-même, par la connaissance et la méditation », une seconde naissance intérieure. De là, Dzan, phonétiquement Djan, « le livre de Dzyan ». voir Edkins, Chinese Buddhism, p. 129, note. ] De la métaphysique de Gâutama - toutes grandes qu’elles paraissent, lorsqu’on ignore les doctrines de l’antique Religion-Sagesse - ne sont qu’une très petite partie du tout. Le réformateur hindou bornait ses enseignements à l’aspect purement physiologique et moral de la Religion-Sagesse, à l’Éthique et à l’Homme seulement. Quant aux choses « invisibles et incorporelles », au mystère de l’Être en dehors de notre sphère terrestre, le grand Instructeur n’y toucha jamais dans ses conférences publiques, réservant les Vérités cachées pour un cercle choisi de ses Arhats. Ces derniers recevaient l’Initiation dans la fameuse Grotte Saptaparna (Sattapanni de Mahâvansa), près du mont Baibhar (le Webhara des manuscrits Pali). Cette grotte était à Râjâgriha, l’ancienne capitale de Magadha; c’était la grotte Cheta, de Fa-hian, comme le soupçonnent à juste titre quelques archéologues. [ M.Beglor, ingénieur en chef à Buddhagâya, et archéologue distingué, fut, croyons-nous, le premier à faire cette découverte.]...
... Le lecteur est donc prié de se bien pénétrer de l’importante différence qui existe entre le Bouddhisme orthodoxe, c’est-à-dire les enseignements publics de Gâutama, le Bouddha, et son Bouddhisme ésotérique. Sa DOCTRINE SECRÈTE, cependant, ne différait nullement de celle des Brâhmanes initiés de son temps. Le Bouddha était un enfant du sol aryen, un Hindou de naissance, un Kshatrya, et un disciple des « deux fois nés » (initiés brâhmanes) ou Dvijas. Ses enseignements ne pouvaient donc différer des leurs, car toute la réforme bouddhiste consistait à révéler une partie de ce qui avait été tenu secret pour tout le monde, sauf pour le cercle « enchanté » des ascètes et des initiés des temples. Incapable, à cause de ses serments, de dire tout ce qu’on lui avait appris, le Bouddha, bien qu’il enseignât une philosophie bâtie sur la trame de la vraie connaissance ésotérique, n’en donna au monde que le corps matériel extérieur et en réserva l’âme pour ses Élus. Plusieurs sinologues ont entendu parler de la « Doctrine-Âme », aucun ne semble en avoir saisi le vrai sens et l’importance. ...
Cette doctrine était conservée secrètement dans le sanctuaire, - trop secrètement peut-être. Le mystère qui enveloppait son dogme principal et son aspiration - Nirvâna - a tellement éprouvé et irrité la curiosité des savants qui l’ont étudié, qu’incapables de le résoudre d’une manière logique et satisfaisante en dénouant le nœud gordien, ils ont coupé ce dernier, en déclarant que Nirvâna voulait dire annihilation absolue.
Vers la fin du premier quart de ce siècle [ Le XIXe. ] apparut dans le monde un genre particulier de productions littéraires, dont les tendances s’affirmèrent plus distinctement d’année en année. Soi-disant fondées sur les savantes recherches des Sanskritistes et des Orientalistes, en général, elles passaient pour scientifiques. On faisait dire aux religions, mythes et emblèmes des Hindous, des Égyptiens et autres nations antiques, tout ce que les symbologistes voulaient y voir, et l’on faisait souvent passer la forme grossière et extérieure pour leur sens intérieur. Des ouvrages, très remarquables par leurs déductions et spéculations ingénieuses, circulo vicioso, - les conclusions préétablies changeant généralement de place avec les prémisses dans les syllogismes de plus d’un savant en Sanscrit et en Pali, - parurent en se suivant rapidement, submergeant les bibliothèques de dissertations sur le culte phallique et sexuel, bien plus que sur le vrai symbolisme, et toutes se contredisant entre elles.
Telle est, peut-être, la véritable raison pour laquelle il est permis que l’esquisse de quelques-unes des vérités fondamentales de la DOCTRINE SECRÈTE des Âges Archaïques apparaisse aujourd’hui à la lumière, après de longs millénaires du silence et du secret les plus profonds. Je dis à dessein « quelques-unes des vérités », car ce qui doit rester caché ne pourrait être dit en cent volumes comme celui-ci, et ne pourrait être transmis à la génération présente de Sadducéens. Mais, même le peu qui est maintenant donné vaut mieux qu’un silence complet sur ces vérités vitales. Le monde contemporain, dans sa course folle vers l’inconnu, que le Physicien est trop prêt à confondre avec l’inconnaissable, toutes les fois que le problème échappe à son emprise, progresse rapidement sur le plan contraire à celui de la spiritualité. Il est maintenant devenu une vaste arène, une véritable vallée de discorde et de lutte incessante, une nécropole où sont enterrées les plus hautes et les plus saintes aspirations de notre Âme-Esprit. À chaque génération nouvelle, cette âme se paralyse et s’atrophie de plus en plus. Les « aimables fidèles et libertins accomplis » de la société, dont parle Greely, se soucient peu de la renaissance des sciences mortes du passé; mais il y a une forte minorité d’étudiants sérieux qui méritent d’apprendre les quelques vérités qui peuvent leur être données maintenant, et c’est aujourd’hui plus nécessaire qu’il y a dix ans quand paru Isis Unveiled et même quand les tentatives ultérieures d’expliquer les mystères de la science ésotérique furent faites.
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Références
↑ Selon l' Encyclopédie de la mystique juive, « le Zohar, communément appelé le saint Zohar et attribué à Rabbi Chimon ben Hohay, (est) un recueil de différents ouvrages [écrit en araméen, réalisé par Moïse de León en 1280]. [Sa division III], le 'Sifra Di-Tseniouta' (Livre des secrets) est un ouvrage anonyme sur la Genèse [dans la BIBLE JUIVE]. Rédigé en une langue hachée, obscure, il est divisée en six parties qui contiennent les bases de la Kabbale sous la forme de têtes de chapitres qui traitent principalement du mystère de la divinité. » (Armand Abécassis et Georges Nataf, Encyclopédie de la mystique juive, Paris, Berg international, 1977, p. 753.)
Date de création : 28/01/2010 • 15:13
Dernière modification : 30/01/2010 • 23:24
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