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Qu'est-ce que vipassaná ?
Le satipa††hána
Le développement du satipa††hána
Pour que se développe vipassaná, qui est la vision directe dans la réalité – qui se compose de phénomènes changeants, insatisfaisants, totalement vides de substance, et non maîtrisables –, il faut porter son attention sur la discontinuité. Si nous observons quelque chose qui est continu, nous ne pouvons pas développer le satipa††hána. Il n'est possible de développer satipa††hána – la présence d'esprit – que lorsque nous portons notre attention sur ce qui est discontinu. C'est-à-dire, lorsque nous portons notre attention de manière ponctuelle.
Un bref instant, nous sommes absorbés sur un phénomène, juste le temps qu'il dure. Lorsqu'il y a une démangeaison, nous portons notre attention sur la démangeaison et nous connaissons seulement "démangeaison", juste le temps que ça dure, pas plus, pas moins. Si juste après cette démangeaison, il y a un bruit qui se fait entendre, nous portons notre attention sur le bruit, ou plutôt sur le fait d'entendre, sur la conscience auditive, sur "l'entendre", sur l'entendu. Et nous connaissons simplement "entendre". Il en va de même pour les visions qui apparaissent aux yeux, même lorsque nous avons les yeux fermés, il y a des images qui apparaissent, comme des visions. Nous pouvons alors les connaître comme étant simplement "voir".
Bien sûr, on emploie des mots pour faire comprendre l'idée, mais au moment de le faire, il est hors de question d'employer des mots, ni verbalement, ni mentalement sauf peut-être pour les tout débutants que cela peut aider. Rapidement, il faut arrêter cela, et simplement porter son attention sur la réalité et la connaître pour ce qu'elle est.
Le seul devoir
Comme nous le disait très souvent notre instructeur, au centre vipassaná à Yangon, le seul devoir, la seule responsabilité de quelqu'un qui s'entraîne, c'est seulement de connaître. Il n'a rien d'autre à faire. En disant cela, notre instructeur répétait exactement ce que Bouddha disait lui-même vingt-cinq siècles auparavant :
« Lorsqu'il y a un son, ne connaissez que l'entendu. Lorsqu'il y a une vision, ne connaissez que le vu. Lorsqu'il y a une odeur, ne connaissez que le senti. Lorsqu'il y a un goût, ne connaissez que le goûté. Lorsqu'il y a une impression tactile, ne connaissez que le touché. Lorsqu'il y a un objet mental, ne connaissez que le pensé. » Cela est l'une des rares sinon la seule fois que Bouddha dit en clair en quoi consiste l'acte de connaissance qui mène à nibbána.
À propos du satipa††hána sutta
Dans le satipa††hána sutta, il ne nous donne pas cette information ou disons plutôt pas de manière aussi directe que cela. Dans le satipa††hána sutta, il nous énumère la liste des choses qui peuvent être observées et qui peuvent être connues sans nous dire comment les connaître. Il nous dit simplement que si nous portons notre attention sur tout ce qui apparaît à la conscience, nous allons observer et connaître quatre catégories de phénomènes, qui se répartissent en tout et pour tout en douze objets.
Il y a malheureusement des personnes qui se méprennent sur ce sutta, et qui croient que vipassaná est une méditation. Combien de fois est-ce qu'on met ces deux mots ensemble (qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre), et que vipassaná, c'est faire ce qui est écrit dans le satipa††hána sutta. Donc, nous allons faire ce qu'il y a écrit. Nous allons le suivre comme si c'était un mode d'emploi et nous allons faire ce qu'il y a écrit. En fait, ce n'est pas tout à fait comme ça.
Le satipa††hána sutta est plutôt un sutta qui nous dit ce qui se passe quand on porte son attention sur la réalité, il nous dit ce que c'est. Ce n'est pas véritablement un mode d'emploi ou un ensemble d'instructions pour le faire.
La sagesse ne peut être obtenue par les livres
Ce n'est pas le livre, ce ne sont pas des textes qui peuvent nous dire comment le faire. Seul un être humain, si possible parfaitement réalisé, peut nous donner l'information nécessaire pour développer cette vision juste dans la réalité, cette compréhension juste, cette concentration juste dans la réalité. Les livres ne peuvent pas le faire.
Même quelqu'un qui aurait médité seul et qui aurait étudié à partir des livres, pendant des années, des dizaines d'années, ne pourra en aucun cas développer ce qu'on appelle la connaissance, ou la sagesse, propre à vipassaná. C'est inconcevable, ça ne s'est jamais vu et ça ne se verra jamais, même si malheureusement certains le prétendent. Sauf... Bouddha lui-même. Ce qui différencie un être comme Bouddha de ses élèves, est que lui a trouvé tout seul. À partir de là, il est de la nature même de ces élèves et il est de la nature même d'un être comme Bouddha d'y être parvenu par lui-même sans que personne lui dise comment faire.
Nous n'avons donc pas à réinventer la roue, nous n'avons pas à réinventer la poudre, nous devons nous contenter de faire simplement ce que notre instructeur nous dit de faire. Si notre instructeur nous dit : « Lorsque quelque chose apparaît à la conscience, quoi que ce soit, observez-le et connaissez-le pour ce que c'est », notre instructeur nous donne là les bonnes instructions. Si notre instructeur nous dit autre chose, ce qu'il dit n'est PAS le satipa††hána, ce qu'il dit n'est PAS la parole de Bouddha, il est "passé à côté".
Date de création : 12/01/2010 • 21:09
Dernière modification : 13/01/2010 • 03:24
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